A la fin des années soixante parut un roman autobiographique d'un auteur dont on ne connaissait rien, Jose Mauro de Vasconcelos, et qui connut un beau succès dans le monde entier, en particulier dans les collèges où l'on ne manqua pas de l'étudier. "Mon bel oranger" est devenu un film, le second d'un réalisateur, Marcos Bernstein, connu d'abord comme le scénariste de "Central do Brasil", l'un des chefs-d'oeuvre de Walter Salles. On y retrouve ce thème de l'enfance, d'une enfance déboussolée, se cherchant une identité à travers le monde impitoyable des adultes. On connaît bien l'histoire du roman, sorte de Dickens à la brésilienne, dont le personnage principal, Zeze, 8 ans ou presque, vit une enfance meurtrie, à l'ombre d'un père violent et sans pitié et d'une mère qui n'éprouve de sentiments maternels que par à-coups. Le gamin, qui aime en revanche le cadre de l'école et surtout sa "maîtresse" (le terme a quelque chose d'un peu suranné), va donc chercher des consolations dans le monde qui l'environne et qu'il ne cesse de parcourir : un "bel oranger" auquel il va confier ses désarrois, un chanteur ambulant dont il va assurer la promotion, et plus encore un propriétaire aisé, un certain Portuga, qui possède un splendide domaine et surtout une Citroën Traction Avant qui fait beaucoup rêver le petit Zeze. Le film est assez fidèle au roman et se laisse découvrir avec autant de facilité que le livre de Vasconcelos. L'interprétation est de qualité, avec une mention spéciale accordée conjointement à Joao Guilherme Avila (l'enfant) et José de Abreu (Portuga). Dommage toutefois que le metteur en scène en fasse trop : trop dans les cadrages qui se veulent expressionnistes, trop dans le montage qui parfois donne dans une forme de maniérisme, trop enfin dans certaines prises de vues dont la plongée verticale qui vire au mauvais goût. Mais nous ne bouderons pas notre plaisir et terminons du reste par une note positive : c'est du bon cinéma brésilien, plein d'émotions et de sens de l'humain. Allez, nous pouvons sortir nos mouchoirs sans honte.