L'espionnage, thème tant exploité au cinéma, que ce soit du côté finement bourrin (les savoureux James Bond ou Jason Bourne), ou psychologique (dernièrement l'excellent "La vie des autres"), gagne ici une étoile d'interêt et de splendeur. "Agent double" déroule une intrigue concernant le devant et le derrière des choses, des gens, des dossiers, dans un monde où la manipulation politique n'est presque qu'un exquis et complexe divertissement. Tiré d'une histoire vraie - la traque de Robert Hanssen, espion du KGB envoyé au FBI durant près de 20 ans pour transmettre les secrets américains à l'ex-URSS - , le cinéaste Billy Ray signe là un film d'une extrême rigueur, d'une grande intelligence, toujours pensé dans un but accès sur la découverte psychologique de l'être. Trahisons, mensonges, ambiguite morale, mise en abîme du système de sécurité américain, subtilité des procédés d'espionnage, relation des personnages entre leurs devoirs et leurs religions... si le film prend son temps pour nous captiver, et que le jeu fade du jeune Ryan Phillippe nuit parfois à la grandeur du personnage, pourtant capté comme il se doit (même s'il est évident que le réalisateur a volontairement voulu rendre l'acteur fade pour son rôle, contrastant évidemment avec le titan manipulateur qui se trouve en face, pour le rendre encore plus mystérieux), "Agent double" reste un grand film du genre, préçis, clair et complexe. Grâce à la prestation monumentale et imperturbable de l'imposant Chris Cooper, la complexité du personnage ressort entièrement, de ses tréfonds hésitants jusqu'à ses déboires inavoués (sauf à la fin), avec ce qu'il faut d'humanité et de pardon intérieur pour crédibiliser l'échange et le contraste entre chacun des personnages. Son calme épatant et sa voix posée, grave et biblique, lui donnent la dimension d'un apôtre malin fourvoyant ses propres pensées au profit d'un chemin incertainement glorieux. Outre la composition fondamentale de Laura Linney en directrice consciente mais i