J'ai eu voilà peu une idée saugrenue, à savoir de regarder à nouveau l'adaptation cinématographique d'Eragon, le célèbre roman fantasy de Christopher Paolini ; mal m'en a pris, je savais à quoi m'attendre, mais ce fut encore pire que dans mes souvenirs, d'où un second visionnage tenant d'une séance de masochisme pour le moins douloureuse... En effet pour qui a lu le roman, ce long-métrage est un sacrilège total, tant il foule du pied une pléiade d'éléments scénaristiques primordiales au profit d'une trame simplifiée à l'extrême limite, au point d'en paraître foutrement incohérent ; quant aux bienheureux qui le découvriraient sans avoir précédemment connu la version papier, il est indéniable que la mention "divertissant mais oubliable" serait lui faire une fleur. Avant de détailler davantage les raisons d'un tel fiasco, autant citer le seul point un tant soi peu probant ressortant de ce visionnage laborieux : le visuel dans l'ensemble passable s'offre un sursaut d'orgueil lors du combat aérien final, le sinistre (enfin, supposément) Durza chevauchant entre autre une bestiole graphiquement probante, ceci couplé à une avalanche d'explosions nous changeant les idées. That's all. Pour le reste, cet Eragon est en tous points navrant, son adaptation plus que douteuse s'avérant d'abord bancale, tout allant trop vite, le film étant truffé d'ellipses temporelles passant sous silence des points d'intrigue pourtant importants : il en ressort une trame sommaire, cruellement dénuée de relief et amputée d'un quelconque semblant d'atmosphère, dans le sens où cet univers fantastique ne captive pas tant il est dénaturé. Cette absence totale de respect de l'œuvre originale en vient même à priver le long-métrage d'une éventuelle suite de par ses innombrables choix maladroits, et ce même en omettant son échec critique retentissant ; pour sa première réalisation Stefen Frangmeier ne nous aura donc pas fait de cadeau, et tronqué (à moins que ce ne soit la production, m'enfin il faut bien un coupable) ses propres chances de réussite en concentrant dramatiquement son récit (le film n'excède pas les 1h40, là où une heure de plus n'aurait pas été de trop). Par ailleurs, je ne comprends décidément pas le choix de confier le rôle d'Eragon à l'inconnu Ed Speleers, ce dernier se fendant d'une prestation grandement moyenne, pour ne pas dire mauvaise... car privé de tout charisme, et rendant par la même occasion son personnage profondément imbuvable (sans compter une concordance physique nulle). Autrement, le casting présente de bien attristante présence : après Donjons et Dragons, Jeremy Irons se perd de nouveau dans une adaptation fantasy ratée (encore qu'il ne soit pas ridicule ici), tandis que les sympathiques Robert Carlyle et John Malkovich ne collent définitivement pas aux diaboliques antagonistes que sont Durza et Galbatorix. Bref, Eragon est un ratage complet, il n'y a pas à tergiverser, car constituant un divertissement médiocre et une adaptation en tous points mauvaise ; à éviter en somme.