Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Redzing
1 139 abonnés
4 486 critiques
Suivre son activité
1,0
Publiée le 7 juin 2023
Inconnu en France (et à juste titre...), "My Blue Heaven" a été écrit par Nora Ephron. Qui n'est autre que la femme de Nicholas Pileggi, l'auteur du roman "Wiseguys" et co-scénariste de "Goodfellas" de Martin Scosese ! Ainsi, Nora Ephron s'est basée également basée sur la vie de Henry Hill pour écrire son histoire. Sauf que là où le film de Scorsese raconte sérieusement sa vie chez les gangsters, "My Blue Heaven" est une comédie, qui démarre alors que le protagoniste vient de rejoindre le programme de protection des témoins, et d'emménager dans un coin propret de l'Amérique. Ce qui fait du film techniquement une suite au chef-d'oeuvre de Martin Scorsese. La ressemblance est d'autant plus troublante qu'il est sorti un mois avant ! Sauf que, ne nous mentons pas, on est à des années-lumière de "Goodfellas". "My Blue Heaven" est surtout une comédie pas drôle, affreusement datée. L'image est terne et respire le studio. La mise en scène est statique au possible. Les costumes sooo 90's sont vieillots. La narration patauge, ne racontant pas grand chose. Ils ont même eu la paresse de régulièrement insérer des inter-titres narratifs pour lier les scènes entre elles ! Pourtant tout ceci partait d'un concept séduisant. Voir un mafieux italo-américain exubérant de New York galérer pour faire profil bas dans un quartier tout propret. Au grand dam de l'agent coincé chargé de sa protection. Mais à part un ou deux échanges vaguement amusants, rien ne décollera. Ils n'ont même pas bouclé certaines sous-intrigues (les tueurs, qui débarquent quand ça arrange les scénaristes). Anecdote amusante, Arnold Schwarzenegger (!) devait initialement jouer le rôle du gangster, avant qu'il ne décide de faire "Kindergarten Cop" à la place. Tandis que Steve Martin devait incarner l'agent du FBI. Après le départ du chêne autrichien, Steve Martin a décidé de reprendre le premier rôle. Et il en fait des caisses en caricature d'italo-américain à l'accent de New York et à la coupe de cheveux improbable. Il est finalement secondé par Rick Moranis, qui n'a pas grand chose à défendre.
Si My Blue Heaven est un échec sur toute la ligne – nous pourrions sauver, à la rigueur, une scène de danse plutôt drôle qui joue sur les effets de montage –, c’est parce qu’il n’a aucun sens du comique et ne dirige pas les comédiens qu’il emploie : voici venir un Steve Martin chevelu en roue libre qui de diablotin burlesque – puisqu’il s’agit de traiter un sujet haut avec bassesse, ici la protection d’un témoin devant témoigner – devient énergumène épileptique ; voici venir un Rick Moranis dans le rôle du gentil de service un peu benêt qui n’a strictement rien à interpréter. On ne saurait réaliser une comédie réussie sans l’aborder comme une opération militaire où les répliques sont des duels et tirent des salves de mots hilarantes, où le rythme des manœuvres est savamment orchestré par le montage et ne laisse pas de place au hasard, où les protagonistes s’affrontent, chacun dans leur registre, jouant double jeu, triple jeu et rappelant au passage qu’ils sont avant tout des comédiens. Or, en lieu et place, une succession de saynètes mal reliées les unes aux autres et déclinant chacune à sa manière l’hyperthème du mafieux malpoli qui prend plaisir à changer le prix sur les emballages de viandes. Ajoutez à cela un chapitrage aussi redondant qu’inutile, et vous obtiendrez une boursouflure jamais drôle et très très longue qui ne mérite pas le talent de son duo de tête.