L’Indomptée est un film très méconnu, un de ceux qui ont marqué les débuts de Sharon Stone, et qui n’a pas réussi à sortir de l’anonymat malgré l’ascension de la star.
D’une certaine manière ça peut se comprendre. Même si L’Indomptée n’est pas vraiment un mauvais film, dur d’être vraiment enthousiasmé par ce film.
J’ai vraiment eu l’impression, plus d’une fois, d’assister à un film de la collection Harlequin. Sauf que la fin est différente de ce que l’on voit habituellement dans la collection Harlequin !
C’est vraiment un film classicisant à l’extrême. Sur la forme, c’est beaucoup trop lisse, sans aspérité, et quand même vraiment cliché. Ce n’est pas vilain, les décors sont au rendez-vous, mais c’est une Espagne sirupeuse, où tout est tellement « espagnol » que l’on frôle le cliché hollywoodien. Cela va de la musique au décor. On en arrive même à une ambiance atemporelle tant c’est l’imagerie d’Epinal du pays. C’est un peu comme si on voyait des Français béret sur la tête, baguette sous le bras et petit verre de rouge au bar dans un film contemporain. En soi c’est assez gênant, car ça sonne faux. Et puis la mise en scène n’est pas spécialement marquante. Les scènes de corrida par exemple sont faibles. Il y en a peu, et elles n’ont rien de marquant.
Si l’on passe cette forme lourde et très lisse assez gênante, pour ne pas dire parfois agaçante, on découvre un casting original, mais inégal. Christopher Rydell reste peu convaincant, malheureusement. Il est trop fade, trop quelconque, semblant continuellement faire la moue. S’il a le physique de l’emploi, son jeu continuellement froid et peu expressif est un souci tout de même. Le casting féminin est plus relevé, avec une Sharon Stone déjà dans un rôle de femme fatale ou presque, qui partage la tête d’affiche avec la méconnue mais assez convaincante aussi Ana Torrent. Beau duo de femmes contrasté, qui retient bien plus l’attention que Rydell. En même temps, ce n’est pas trop dur !
Quant à l’histoire, et bien elle a le mérite de se dérouler dans le milieu original de la corrida. Celle-ci reste malheureusement assez secondaire par rapport au trio amoureux, qui emporte la majorité du temps. Le film dure presque 2 heures, et franchement on est bien plus sur l’exploration d’un insoluble problème sentimental que sur l’exploration d’un univers pourtant méconnu. Du coup, même si l’histoire n’est pas déplaisante, et si la fin convainc, c’est sûr que c’est beaucoup plus classique et déjà vu que si le film avait choisi d’avancer sur la découverte de la corrida, et, je n’en doute pas, de ses aspects bons et mauvais.
Pour ma part L’Indomptée est un film sentimental sur fond de corrida qui a un souci majeur : son côté lisse et artificiel. Je ne peux pas dire que le visionnage m’a été réellement désagréable, je dirai même qu’il y a parfois une étrange atmosphère qui s’installe, sans doute par le jeu déjà bien installé de Stone qui trouve de quoi faire une solide prestation, mais c’est insuffisant. 2