Magicien à Las Vegas, Buddy Israel a beau être un crack du tour de cartes, c’est la disparition qu’il aurait mieux fait de maîtriser, le jour où le parrain Primo Sparazza, qu’il s’apprête à balancer au FBI, met sa tête à prix. Et à un bon prix en plus, ce qui va attirer, dans l’hôtel où il se terre, une belle brochette de mercenaires tous plus azimutés les uns que les autres, parmi lesquels se trouvent deux tueuses issues d’un ghetto, un trio de néo-nazis lisant “Mein Kampf” pour s’endormir le soir, ou encore un maître ès déguisements, sans compter les deux agents fédéraux, chargés de protéger Israel, et qui vont se trouver aux premières loges pour le carton.
Quatre ans après son impressionnant “Narc”, polar situé dans le milieu des stups, Joe Carnahan fait donc parler un autre type de poudre pour son grand retour aux affaires. Celui qui a claqué la porte du tournage de “Mission : Impossible 3” pour cause de différend artistique avec Tom Cruise, reprend ici un scénario entamé il y a plus de dix ans, et nous sert un explosif thriller choral aux accents tarantinesques. Dans les dialogues, notamment, même si ceux-ci, souvent bien écrits, font de “Mi$e à prix” un film parfois trop verbeux. Carnahan rattrape heureusement le coup en confirmant ses talents de metteur en scène : en plus d’user d’un style visuel et d’une atmosphère musicale spécifique à chaque personnage, il confère à son œuvre une grande fluidité, aussi bien dans sa façon de filmer (voir le début de la fusillade finale pour s’en convaincre) que dans la narration, puisqu’il met l’intrigue en place avec une réelle virtuosité, en passant des uns aux autres au gré des dialogues, créant ainsi un lien entre tous.
Tour à tour jubilatoire et pétaradant, et fort d’un casting audacieux (Ben Affleck, Ryan Reynolds, Andy Garcia…) et d’un twist final brisant la frontière entre bons et méchants, “Mi$e à prix” confirme bruyamment le talent de Joe Carnahan qui, heureusement, devrait revenir sous peu.