L'histoire ici, n'est qu'un prétexte au visuel. Toujours. En effet, la synopsis avoue déjà tout du film : complots, trahisons, mort et haine, haine violente qui parcourt les veines, qui se déploie, s'étend, se saigne à blanc. Elle n'est pas révolutionnaire, cette histoire. Elle est simplement là, parfois trop lourde, parfois trop lente, faible, au final, en comparaison avec l'image percutante, grandiose. L'histoire. Elle sert l'éternelle tension des luttes, luttes des couleurs ( bataille ), lutte des personnages, qui implose parfois. Une fois exprimée la rage révolutionnaire et le désir de changement, elle s'efface, se "range", s'oublie. Les acteurs la parcourent, la font vivre, du mieux qu'ils peuvent. Et cela reste magnifique, bien que distant par moment. Il n'est pas question ici d'attachement à certains protagonistes ou à une tragédie sous fond d'empire éclatant de soleil. Man cheng jin huang jin jia, ou La malédiction du chrysanthème est l'histoire d'une beauté qui s'éternise dans la glaciale réalité de la haine réprimée et qui éclate, somptueuse, immense. Champs de chrysanthèmes étouffés par de hautes murailles, perfection de Gong Li, de Jay Chou, de Chow Yun-Fat, dévoilée par de magnifiques plans fixes sur les visages encadrés de longs cheveux noirs. La danse du film est millimitrée, orchestrée parfaitement, de lignes, de courbes, de feu et d'une musique lourde de sens. Bien sûr restent les classiques du genre, la lourdeur de certains clichés et plans moins inspirés, d'une histoire trop simple. Bien sûr, la scène de bataille semble parfois risible. Mais si l'on sait apprécier le reste, La cité interdite demeure un film puissant de par sa beauté visuelle, poussé à l'extrême d'un esthétisme qui vous colle à la rétine. L'empereur, l'impératrice. La somptuosité d'un monde oublié, dont la beauté nous fascine encore, et revit parfois dans quelques films maitrisés. C'est le cas de cette fleur dorée donnée par Yimou.