La bataille de Marathon racontée en 1 heure 25 ça fait peur, surtout lorsqu’après une demi heure au moins on en est toujours au stade « amourette en jupette ». Voilà un péplum qui a eu du succès à l’époque où le genre était à la mode, et qui aujourd’hui laisse pantois à peu près à tous les niveaux. Déjà, scénaristiquement, c’est franchement très moyen. Pendant plus d’un tiers du film on se coltine une romance très niaiseuse, un complot machiavélique avec un méchant en carton, et dès que l’action s’installe, c’est franchement plus que médiocre à cause d’un manque de budget flagrant. Le film se laisse à peu près suivre, mais c’est vraiment parce qu’il est court ! Il y a plein de scènes hyper clichées du genre (l’embuscade), et les moments phares comme la fameuse course manquent carrément d’ampleur. Je passe aussi sur les incohérences et les énormes facilités (autour du personnage de Karis notamment)
Sur le plan formel, d’ailleurs, ça fleure bon les rochers en carton pâte, les scènes de batailles avec des miniatures ultra-visibles, des accélérations à la Benny Hill douteuse, des costumes médiocres (les armures sont horribles !)… En vrai il n’y a qu’une scène qui surnage à peu près, c’est celle de la bataille navale et en particulier des scènes sous-marines à la violence étonnante qui rappelle clairement que c’est Mario Bava qui les a réalisé. Car oui, ils étaient trois pour tourner ce film, et c’était peut-être trop ! En tout cas si le film arrive à peu près à créer l’illusion dans sa première partie à base de décors fixes en carton et de balades dans les bois, dans sa deuxième partie, dès lors qu’il faut simuler une armée perse gigantesque, créer un sentiment épique, mettre de la tension, du dramatique, ben c’est la cata. Le film retombe comme un soufflé. Dommage car le technicolor est assez bon et la musique, très classique pour le genre, à peu près correcte.
Côté jeu d’acteur Steve Reeves est mono-expressif. Il passe son temps à exposer ses muscles huilés mais côté émotion il n’y a rien. Mylène Demongeot est un intérêt amoureux transparent et inutile, le seul qui semble s’amuser un peu est Sergio Fantoni en méchant, mais son personnage est globalement sans aucune autre caractérisation que « je suis méchant ». Daniele Vargas qui hérite pourtant du personnage de Darius n’a rien à faire car Darius a trois répliques bidons dans le film.
Honnêtement, La Bataille de Marathon promet un péplum de 2 heures 40 à la Quo Vadis sur une bataille phare de l’antiquité. On s’attend à des batailles géantes avec des milliers de figurants, des décors opulents, une mise en scène grandiloquente… Mais en fait non ! On a une série B italienne à deux francs six sous tournée à l’arrache. Fauchée, assez mal interprétée, dotée d’un scénario médiocre et décevant dans sa représentation même de la bataille, on ne retiendra guère que le passage « gore » de Mario Bava et quelques plans assez beaux dans la première partie, surtout grâce au technicolor et à un certain effort sur les décors. Pour le reste… 1