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Yves G.
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3,5
Publiée le 7 octobre 2023
À l’occasion de la sortie des "Feuilles mortes", la Filmothèque du Quartier latin a la bonne idée de proposer une rétrospective des vieux films de Kaurismäki. C’est l’occasion de voir ou de revoir ces pépites, de vérifier aussi si le reproche fait aux "Feuilles mortes" – reproduire une formule bien rodée – est ou pas pertinente.
"Tiens ton foulard, Tatiana" est sorti en 1994. À cette date, Kaurismäki tourne des longs métrages depuis une dizaine d’années déjà. Il a trouvé sa voie, désormais reconnaissable entre mille et dont il ne changera plus, et ses acteurs fétiches, Kati Outinen (dont c’est le quatrième film avec Kaurismäki) et Matti Pellonpää (qui décèdera l’année suivante dans la force de l’âge et dont c’est l’avant-dernier des quatorze films tournés ensemble).
"Tiens ton foulard, Tatiana" raconte l’odyssée de deux Finlandais mutiques. Valto boit du café et coud des robes à domicile sous la férule de sa mère. Reino boit de la vodka et répare des voitures. Dans une Volga noire hors d’âge, ils traversent la Finlande. En chemin, ils rencontrent deux voyageuses soviétiques, une Russe extravertie et une Estonienne plus réservée qui parle le finnois.
"Tiens ton foulard, Tatiana" contient – comme "Les Feuilles mortes" – tout le cinéma de Kaurismäki. Quasiment muet, il dure une heure à peine. Son action pourrait aussi bien se dérouler dans les 60ies que trente ans plus tard. Ses héros pince sans-rire enfouissent leurs sentiments sous une réserve maladroite qui les rend aussi touchants qu’ils sont pudiques.
Aki Kaurismaki brosse ici le portrait de deux copains déjà avancés en âge, célibataires, introvertis, l'un fait de la couture, l'autre est mécanicien, qui décident de partir en voyage dans leur pays, la Finlande.
Ils ne veulent pas aller bien loin ( la Laponie selon eux, " c'est pourri") et rencontrent par hasard deux voyageuses ( une Russe et une Estonienne) qui ne sont pas hostiles à une aventure. Mais les deux compères sont bien trop timides.
Kaurismaki, dans cet opus en noir et blanc, regarde avec tendresse ces deux camarades maladroits, qui lèvent le coude plus qu'à leur tour, hableur pour l'un, grognon pour l'autre et surtout tétanisés par les femmes.
L'Estonie est là encore (cf "Ariel") la promesse du bonheur. Les bars, la discothèque, le groupe de rockabilly, la chambre d'hôtel, la voiture américaine des années 50, la bagarre ( ici elle est racontée), le travail manuel, tous ses éléments de l'univers du cinéaste sont présents dans les décors et le scénario.
Il y a ici un espoir de joie, modeste et encore pas pour tous. Chez Kaurismaki, la tristesse pave souvent le chemin de l'existence et seul l'amour est peut-être une issue.
La première partie de film à la durée d'un moyen métrage ( 56 minutes) est sans doute la plus réussie de cet opus sympathique mais tout de même légèrement en dent de scie.
Sorti de son âge d'or, Kaurismäki cherchait encore des moyens d'interpréter la place de la Finlande entre les continents ; quant au fait de la quitter, il en fait une action à la fois aisée et dénuée de sens.
Contredisant toutes les cartes, c'est alors avec l'Estonie que le pays partage sa plus grande frontière ; longtemps un eldorado dans la mythologie kaurismäkienne, le pays devient cette fois presqu'aussi accessible que la Finlande l'est pour les Russes, qui se croyaient encore chez eux. Chose étrange que de jouer la carte du choc culturel quand le vrai choc tient au fait que l'on a devant soi un bloc presque solide où se mêlent URSS, Estonie et Finlande dans une sorte d'entente paresseuse.
Tournant toujours résolument le dos à la Suède, Kaurismäki fait de son peuple celui des méchants : entre les gens d'Helsinki (tous des rockeurs !) et ceux qui les méprisent, les Finlandais sont lugubres et silencieux, ne semblant pas s'être faits à l'idée de n'appartenir à aucune Europe ; ni du Nord ni de l'Est, ils sont les éternels boudeurs de deux continents et cela tombe presque sous le sens de voir en eux les plus ennuyeux compagnons de voyage.
C'est un nouveau road trip discret (sans doute un peu trop) mais toujours sur fond d'absurde que Kaurismäki développe. Un jour ou une semaine, difficile de savoir le temps qui est passé, peut-être aussi parce que le film trouble avec son propre format de 62 minutes.
Le titre Tiens ton foulard, Tatiana augure d’un film léger dont on attend peu de l’intrigue. Ce film d’Aki Kaurismäki n’est en effet pas porteur d’un message fort, d’une intrigue complexe ou d’une quelconque volonté de témoignage. Tiens ton foulard, Tatiana tient du road movie sciemment décalé articulé autour de deux amis rockers tendance « plouc ». Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
Film hilarant, personnages tendres et attachants, road-movie rock'n'roll en blanc et noir, tout le cinéma d'Aki y est concentré. Cela dure moins d'une heure, et l'on aimerait que cela continue longtemps avec les admirables Kati Outinen et Matti Pellonpää, ce dernier disparu hélas bien trop tôt. Les toutes première et dernière scènes sont carrément géniales, dignes de Laurel et Hardy (et clin d'oeil à "Coffee & cigarettes" ?).
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3,5
Publiée le 26 juillet 2010
Par pure timiditè et parce qu'ils ne savent pas exprimer leurs sentiments, deux hommes patauds, touchants de maladresse, passent un week-end en compagnie de jolies auto-stoppeuses qui attendent l'amour! Dans ce road movie nordique à l'humour tendre et dècalè, la marque de fabrique du rèalisateur finlandais Aki Kaurismäki (l'un des maîtres du cadre actuel, un humaniste et un fin connaisseur de l'humour liè à la picole), les quatre personnages s'aiment en silence et retiennent leur respiration tout au long d'un voyage marquè par le poids du non-dit et du regret! Une oeuvre dèsespèrement drôle avec une camèra attentive qui suit au plus près ses personnages...