Vampyros Lesbos passe souvent pour un des meilleurs films de Franco. Je n’ai pas vu toute sa pléthorique filmographie, mais il faut reconnaitre que c’est peut-être un des plus soignés que j’ai pu visionner, sans pouvoir assurément parler d’un vrai bon film.Comme souvent Franco donne les premiers rôles à des femmes, et c’est ici Ewa Stroenberg qui donne la réplique à Soledad Miranda qui décédera d’ailleurs très peu de temps après ce film. Elles imposent toutes deux un certain charme magnétique, Franco comme beaucoup de réalisateurs fantastiques de la même veine, à l’instar de Rollin, ayant le mérite en règle générale de s’entourer d’actrice aux physiques particuliers, charismatiques, photogéniques, à défaut d’être de grandes interprètes. D’ailleurs chez Franco ce n’est pas forcément simple de bien jouer, du fait de dialogues assez moyens, et d’un style froid, abstrait, voir hermétique par moment, qui amène à des prestations peu naturelles. Malgré tout j’ai trouvé ici que c’était mieux que dans bien des Franco, avec pour les principaux comme pour les seconds rôles une belle sobriété ce qui sied à mon sens le mieux au cinéma du réalisateur.Le scénario a des défauts caractéristiques de Franco. Le rythme est lent, voir par moment très lent, et il faudra donc adhérer à ce style pour réellement apprécier le film. Franco a toujours cette fâcheuse tendance d’introduire dans ces histoires une dimension expérimentale, un style narratif bizarre, qui vient souvent nuire à l’efficacité pure et dure d’une histoire sans forcément d’ailleurs lui apporter réellement quelque chose. Il faut aussi avouer que Franco part généralement sur des postulats minimalistes, qui du coup débouche sur un scénario souvent bancal et avec des vides à combler. Vampyros Lesbos, malgré une histoire qui se tient et n’est pas inintéressante, n’en est pas exempt.La réalisation est maitrisée. Franco réussit ici ce qu’il a raté dans quelques autres de ses métrages, en mêlant à la fois un travail expérimental, mais qui reste dans des clous acceptables, et une réalisation plus traditionnelle, qui s’avère néanmoins dotées de vrais bonnes choses. Il y a des séquences que n’aurait à mon sens pas renié un Hitchcock par exemple, notamment dans la dernière partie, ou un Kubrick. Même si la comparaison s’arrête à quelques morceaux, néanmoins Franco prouve ici qu’il a un réel talent, et qu’il est un peu dommage qu’il l’ait plus mit au service de la quantité que de la qualité. Les décors sont inégaux, mais là aussi il y a de très bonnes choses, avec quelques intérieurs qui surprendront par leurs modernités exubérantes et des extérieurs de bords de mer attrayants. La photographie accuse une certaine fadeur, mais je trouve finalement que ce n’est pas plus mal, Franco ayant parfois fait n’importe quoi de ce point de vue. A noter que ce film n’est pas horrifique pour un sou, et dispose d’un érotisme très soft soigné, mais sans grand intérêt. Le travail musical, surprenant et audacieux est une réussite, bien que son omniprésence puisse rebuter.Au final j’ai assez bien aimé ce film. Je retrouve encore la dimension maladroite, bancale des films du réalisateur, mais malgré tout un ensemble mieux tenu qui se laisse voir avec un certain plaisir. Les pointes de génie son trop rares, mais cela laisse espérer qu’il y ait dans la filmographie de Franco des choses meilleures encore.