Hommage Raté
C'est dommage, car ce qui aurait pu être un très bon film n'est qu'un bon film, et la faute à trop de défauts.
Premièrement, je ne comprends pas vraiment la proposition, qu'est ce que Q.T. essaye de dire, je ne sais pas trop, hormis une ironie du sort totale, la fin est un peu naze mais franchement je ne vois pas comment elle aurait pu être bien. La déconstruction des valeurs est assez intéressante, mais ça ne vole pas bien haut non plus, durant une heure le film fait monter la pression en nous montrant Stuntman Mike comme surpuissant, quasiment invincible comme il le dit lui même, et ensuite on en fait un looser pleurnicheur. C'est assez drôle oui, mais tout ça pour ça ?
Je trouve également le film faussement féministe, car mettre pleins de femmes en heroines ne sert à rien, si au final elle ne parle que de mecs, de baise, et ne balancent que des insultes. Pourtant je suis très loin d'être du genre à faire mon social justice warrior, mais dans ce film on perd l'habituelle poésie des dialogues des films de Tarantino, le film est bavard pour rien, vu que les personnages ne disent quasiment que des choses inutiles, on peut faire des scènes drôles où les personnages parlent pour ne rien dire (comme dans Pulp Fiction), mais pas sur trente minutes ! De plus, les personnages sont pour moi, assez mal construit, le film est tellement obsédé par l'idée de soit les sexualiser, soit les rendre fortes, que ça en fait des personnages profondément creux, Butterfly est toujours hyper sexualisée, et ne parle que de avec qui elle baise, niveau personnalité ça vole pas haut. Zoë Bell est tout l'inverse, badass et ne parle aussi que de sexe, les personnages féminins ne sont que des archétypes, ça fait malheureusement qu'on n'est pas spécialement triste quand certaines meurent, pas non plus quand elles gagnent, le film laisse donc plutôt froid. Et encore une fois je n'ai pas de problème avec le fait de sexualiser ses personnages féminins, mais si cela se limite à ça, c'est surtout inutile.
Mais ce qui empêche le film d'être un échec total, c'est bien évidemment Kurt Russell, son personnage est génial, puissant, le film ne donne pas toutes les clés qui permettent de comprendre pourquoi il fait ça, il est instantanément iconique, l'un des meilleurs personnages créés par Tarantino.
La réalisation est plutôt bien, surtout vers la fin, avec certaines cascades en plans séquences qui les rendent bien sûr impressionnantes. Parenthèse, quand Stuntman Mike dit qu'à l'époque les cascades étaient réalisées en vrai et que c'était bien mieux, ça m'a fait rire car c'est littéralement Tarantino qui parle par la bouche de son personnage à cet instant. Le choix des musique est comme d'habitude très qualitatif, mêmes si certaines citations sont assez gratuites. Je trouve que c'est le Tarantino le plus violent, malgré l'absence de fusillade finale, car la violence est moins grotesque et plus réaliste. La scène où Kurt Russell tue toutes les filles au milieu du film, je trouve cette séquence très marquante, d'autant plus que la caméra insiste pour qu'on voit la mort de chacune de ces filles, chacune des ces vies qui s'achèvent. Une des seule fois où l'on ressent pour moi, les conséquences d'une mort dans un film de Tarantino, je compte aussi la première mort du film, extrêmement brutale et violente. Deux éléments de réalisation m'ont particulièrement énervé, de un le court passage en noir et blanc au milieu du film, qui ne dit absolument rien (contrairement au noir et blanc dans Kill Bill), je n'ai pas du tout compris pourquoi du noir et blanc à cet instant, même si je suis persuadé que c'est soit une référence soit pire, une auto-référence. Et les parasites volontairement intégrés à l'image, c'est ridicule, essayer de faire passer ce film pour un vieux film ne marche pas du tout, si tu veux faire un hommage réussi, tu tournes avec des vieilles caméras, pas en foutant un putain de filtre OpenShot sur ton film. Je parlais à l'instant d'auto-référence, ce film en contient des tas, et beaucoup (trop à mon sens) de ces gimmicks de réalisation, qui en devienne presque des clichés. Par exemple, les fameux plans pieds, il y en a des tonnes dans ce film, mais aussi un plan d'intérieur de coffre, un mouvement de caméra autour des filles pendant qu'elles parlent qui est quasiment le même que dans la scène d'intro de Reservoir Dogs, le fait qu'il évoque ces propres marques à voix haute, bref, Tarantino me semble plus égocentrique que jamais dans ce film.
Malgré tous ces défauts, le film reste agréable, plutôt rythmé, et vaut le coup rien que pour Kurt Russell.