Death proof, le métrage qui m’a fait relativiser le talent de Tarantino avec Inglorious Basterds. Non mais de qui se moque t’on ? Parce que c’est Tarantino il faudrait s’aplatir devant Death proof (notons que lui-même a clairement avoué que c’était son pire film). Moi ce que je vois c’est qu’il avait un gros budget, et qu’il nous livre un bien piètre spectacle. Je commence par les quelques (rares) points positifs. D’abord le casting. Kurt Russell en général est une valeur sur, c’est le cas ici, dans un rôle de méchant qui lui sied bien. Les actrices de leurs cotés sont assez inégales, mais tiennent la route et font preuve d’une belle complicité. Quelques-unes se distinguent nettement (Zoe Bell surtout, très charismatique) mais dans l’ensemble c’est du costaud, et c’est sexy. Leurs personnages, souvent caricaturaux (c’est voulu) ne sont par ailleurs pas mal écris. Les cascades (malheureusement archi rares !) sont clairement réussies (l’accident qui met fin à la première partie est bien mais la course poursuite finale est indéniablement impressionnante de maitrise). Il y a aussi quelques bonnes répliques, quelques très rares mais non moins bonnes idées, des moments anthologiques (outre la course poursuite la lap dance dans le bar est très séduisante quoiqu’inférieure a la danse de Mac Gowan dans Planet Terror). Voilà, pour le reste, je vais être sévère. D’abords les dialogues. Franchement ce n’est plus tolérable. Boulevard de la mort est blindé de discussions sur la pluie et le beau temps totalement inutiles, souvent bourrées de vulgarité (les caïds de la cité n’ont qu’à bien se tenir !), et à part quelques répliques à tirer au milieu de ce bric-à-brac, ce n’est pas du tout du niveau d’un Pulp Fiction par exemple, et même inférieur à Inglorious Basterds (et de très loin encore). Pitoyable sur ce point, c’est dommage, puisque c’est environ les ¾ du métrage, remplissant les trous (d’une demi-heure facile à chaque fois) entre les scènes d’action. Le rythme est du coup d’une lenteur escargotesque. C’est l’un des films les plus mous que j’ai pu voir, presque du niveau de La revanche des mortes vivantes et de 2012 la prophétie. Il ne se passe presque rien, le scénario est réduit à un substrat à peine qualifiable (honteux de la part de Tarantino pour lequel c’était un point fort). Sans rebondissement, presque dépourvu d’action, Boulevard de la mort et plutôt celui de l’ennui. Par ailleurs à la différence de Rodriguez, Tarantino ne joue absolument pas à fond le jeu. Il y a très peu d’effets de style pour rappeler le type « grindhouse », et un sérieux manque de culot. Il n’y a presque rien de grandguignolesque, de volontairement fauché, de second degré, ou d’idées farfelues. On en relèvera deux ou trois, mais guère plus.
Piètre ensemble, Boulevard de la mort est une réelle déception, auquel je mettrai 1.5 tout de même, pour les quelques vraies qualités que je citais en début de critique. Souffrant indéniablement de la comparaison avec Planet Terror dont il est le pendant, autant l’un est fou, original, excessif, ultra-rythmé, généreux à outrance, autant l’autre est mou du genou, fadasse au possible, avare en presque tout point. A force de citer outrageusement des classiques quarantenaires sans les digérer, Boulevard de la mort est devenu un papi à la naissance, et c’est bien dommage.