Alors Feast est vraiment un cas singulier. J’adore le cinéma audacieux, qui change un peu, et pourtant je ne trouve pas du tout que ce film soit si enthousiasmant que cela. Je n’avais déjà pas accroché au 2, mais je me suis dis, c’est parce que je n’ai pas vu le 1. Et après avoir vu le 1, je n’ai pas changé d’opinion.
Coté acteurs on a des interprètes assez sympathiques, qui parviennent surtout à sortir du lot grâce à des personnages hauts en couleur (bien que finalement moins enthousiasmants que ce que le début laisse supposer). Curieusement celui qui me plaisait bien (avec son coté sur de lui qui aurait pu franchement prêter à quelques moments assez délirants, à savoir Eric Dane), disparait très vite. Pour ma part, j’ai bien aimé Jenny Wade, qui apporte un peu de fraicheur, et dès l’introduction se démarque un peu du lot. Dans l’ensemble ca reste malgré tout assez timoré, avec des acteurs qui ont du mal à se prendre au jeu, et qui reste trop engoncé dans un jeu sérieux pas assez dans le ton du film.
Le scénario est trop linéaire. En fait, après une introduction vite lancée, le film va s’enfoncer dans un huis clos dans un bar miteux, assiégé par des créatures. Ca va plutôt bien dans les vingt premières minutes, d’autant que l’agressivité des créatures est réjouissante, mais passé ce délai Feast a grillé l’essentiel de ses cartouches les plus intéressantes (2/3 du casting est liquidé !). Alors on entre dans le répétitif, à coup de gags lourdement appuyés (les scènes de coït des créatures par exemple), de scènes d’attaques pas géniales car trop redondantes, entrecoupée de dialogues qui n’ont rien de fameux. Cette redondance était pénible dans le 2, mais elle était donc déjà présente dans le 1. Par ailleurs, le film hésite trop sur la comédie. Soit il s’inscrit franchement dans ce registre, à l’image d’un Doghouse ou d’un bon vieux Troma, soit il ne le fait pas, mais il faut alors éviter d’être timoré. Là l’humour n’est pas assez appuyé, et en même temps il est parfois trop sensible pour gâcher certaines scènes qui, prise sérieusement aurait pu avoir leur effet inquiétant.
Coté réalisation, et bien ma foi ca n’a rien non plus de mémorable. Gulager offre une mise en scène passable, mais sans plus. Par certains aspects on retrouve du bon vieux cinéma bis des années 80, dans une réalisation qui pioche un peu dans les références du genre (Raimi notamment), et c’est un atout. Pas mal de scènes moyennement lisibles, et des passages franchement brouillons. La photographie et les décors reflètent donc bien eux aussi l’atmosphère années 80. Pour un film à petit budget et compte tenu du huis clos, je n’aurai pas grand-chose à reprocher de ce point de vue. C’est acceptable, même si l’équipe ne s’est pas trop mouillée du coup. Les effets visuels en revanche sont bons. Les créatures ont une allure spécifique, et sont assez abouties. Enfin il y a quelques effets gores à l’ancienne qui font plaisir à voir et raviront vraiment les amateurs. Par ailleurs Feast a aussi lancé la mode du gore « suintant », celui qui ne se contente pas uniquement du sang, mais agrémente le tout de vomi, de défections et autres fluides corporels ! Quant à la bande son, une réelle déception compte tenu du style du film qui promettait un truc singulier.
Au final j’accorde la moyenne à Feast, mais vraiment en tenant compte de son petit budget, de sa sincérité, et de sa générosité certaine. Pour ma part il m’est apparu comme un excellent projet, mais brosser un peu à l’arrache, comme le bon élève qui fait sa dissert la veille de la rendre à son prof. Beaucoup de choses bancales, pas assez ficelées, pour un film (et semble t-il une saga d’après mon expérience du deuxième film) qui semble plus reposer sur son concept pour exister, que sur ses réelles qualités.