Pour son sixième long-métrage, Tobe Hooper s'est fait (r)attrapé par Spielberg. Étant donné que le metteur en scène des "Dents de la mer" ne pouvait pas cumuler le poste de réalisateur sur deux projets en même temps ("Poltergeist" et "ET"), Hooper a été appelé à la rescousse pour apposer son nom au générique de ce métrage. Et comme Spielberg est à la barre, ce cru fantastique se déguste à la Spielberg. Son équipe se formant sur ce projet (Michael Kahn s'occupe du montage, Kathleen Kennedy est la productrice associée) et première du cinéaste à s'occuper de la production d'un film, le futur réalisateur de "Jurassic park" s'en sort plutôt bien : direction d'acteurs, effets spéciaux, script (c'est lui qui a écrit l'histoire !) et mise en scène.
Scénario, donc, de "Poltergeist" : une famille américaine type doit faire appel à des parapsychologues lorsque d'étranges phénomènes apparaissent dans leur maison, et que leur fille communique avec des êtres de l'au-delà... .
D'abord, Jerry Goldsmith (compositeur oscarisé pour "La malédiction", avec Gregory Peck) nous offre des partitions musicales appréciables, partent du bon pied pour mieux nous emballer pendant les scènes d'épouvantes. Une bande-son cool, de bonne facture qui stimule à merveille nos oreilles. Ce qui aurait pu présager une ambiance qui ne plombe pas le film en lui-même. Car les effets spéciaux particulièrement faciles mais néanmoins bétonnés peinent à exister sous l'effet de cette atmosphère d'épouvante. De fait, ces effets à la "SOS Fantômes" rabaissent cette ambiance d'épouvante-horreur à un genre que je qualifierai aujourd'hui de fantastique. Maître Spielberg est ainsi le meneur de jeu en insufflant du spectaculaire pour du spectaculaire. Et ça marche... . Il manque, ici, un effet de style à la "Shining" pour maintenir une pression suffisante sur le spectateur. Ainsi qu'une mise en scène endiablée et poignante. En un mot : racée.
Ensuite, le casting, bien que très peu exploité, remplit le contrat spielberguien sans aucune contrefaçon : famille américaine type avec chien, mari prospère, femme au foyer et, bien sûr, enfants, avec un lot d'émotions qui n'est pas sans rappeler l'un des thèmes fétiches du réalisateur du récent "Lincoln". Ceux qui remportent la palme haut la main sont Heather O'Rourke (qu'on reverra uniquement dans les deux épisodes suivants), parfaite, dans le personnage culte de Carol Anne, et la grand mère psychologue décatie, l'aigrie (et regrettée) Zelda Rubinstein (revue dans les opus deux et trois de la trilogie) exécrable au possible.
Enfin, "Potergeist" premier volet qui engendra une trilogie, est considéré comme un film malédiction à cause des décès précoces de deux jeunes actrices (dont Heather O'Rourke). Deux autres acteurs du second volet décèderont aussi. D'où la naissance d'une saga possédée par les démons.
Pour toutes ces raisons, "Poltergeist" (1982), film culte ancré dans l'époque des 80's, est entré dans la légende du genre fantastique et peut, par l'industrie actuelle hollywoodienne, se voir doter de milles et uns remakes.
Accord parental souhaitable et interdit aux moins de 15 ans.
Spectateurs, spectatrices, aimez vous les fantômes ?