C’est dans la mythique division d’infanterie, The Big Red One, que le Caporal Fuller servit pendant la deuxième guerre mondiale. Excellent soldat (décoré de la Bronze Star, la Silver Star, et le Purple Heart, les trois plus hautes distinctions de l’armée américaine), Samuel Fuller réalise ici la somme de tous ses films de guerre. Magistralement interprété par Lee Marvin que le cinéaste avait choisi pour son visage impassible, sergent vétéran de la première guerre mondiale (la naissance du 1 rouge dans le noir et blanc à peut être inspiré Spielberg dans “La liste de Schindler�), qui mène ses hommes, en leur apprenant à éviter de se faire tuer, le long de l’itinéraire que Fuller a lui même emprunté. L’Afrique du Nord, La Sicile, le débarquement de Normandie à Omaha Beach (quelle leçon au passage au “Save Private Ryan� de Spielberg en faisant abstraction du gore, dans l’eau rouge du sang de leur compagnons tombés, la numérotation des soldats survivant envoyés à l’abattoir accentue ma sécheresse mécanique et absurde de la guerre), la Belgique, l’Allemagne et la Tchécoslovaquie. Dans cette dernière partie, Fuller, qui avait filmé les camps en 16 mm (film intégré par Emil Weiss dans son documentaire �Falkenau, vison de l’impossible�) réalise en 1988), garde une certaine retenue, se contentant d’un crane, de cendres et de regards, dramatisant ainsi la mort du garçonnet. Cette épopée entrecoupée de scènes d’hommes avec leur courage et leur lâchetés (Mark Hamil exemplaire), leur engagement et leur doutes, prend aussi sa respiration dans des scènes improbables, comme l’asile psychiatrique avec Stéphane Audran (qui avait tourné avec Fuller pour la TV Allemande en 1973) ou l’auberge en Belgique avec Marthe Villalonga. Cette version “Reconstruction� de 2 heures 36 est un chef d’œuvre. Ellei attend toujours une sortie sur grand écran.