Après 3 ans de service militaire israélien, Yossi Ghinsberg joue le touriste aventurier en Amérique du Sud, en sympathique amateur d’explorations originales et de pachanol, avant de se laisser séduire en 1981 par un sombre écolo charismatique qui l’embarque avec ses deux amis dans l’Amazonie bolivienne. Mauvaise entente, scission du groupe, accident, amateurisme, et on aboutit à l’histoire authentique d’une douloureuse perdition de 3 semaines dans l’enfer vert.
Ce thème a déjà été tourné plusieurs fois sous la forme d’une aventure, d’une romance ou d’une inspiration véridique, mais ici l’originalité se concentre dans le réalisme des personnages, et même de leurs maladresses qu’on ne peut pas inventer, des conditions forestières, heureusement moins fatales que celles de la selva profonde du Brésil, et de l’identification aisée que nous offre le héros, dont le film raconte strictement le témoignage vécu. Ce qui porte à croire qu’en pareilles circonstances, les délires psychédéliques inspirés par la faim, la douleur, le désespoir et l’épuisement, ainsi que la propension à la lucidité et à la discipline, et enfin la foi, deviennent vite les fantômes salvateurs qui peuvent nous tenir la main et nous amener un peu plus loin.
Amateurs de voltigeantes péripéties et d’équipées à suspense, passez votre chemin. Ceux qui se sont déjà aventurés dans cet univers d’humidité végétale, ce bouillon de vie et de maladies, cet impitoyable dévoreur d’absolument tout, ceux qui ont touché cette beauté, cet infini, cette richesse, ainsi que l’épuisement qu’elle suppose et la conscience de son hostilité climatique et animale, seront probablement les plus remués par l’aventure de ce calvaire improvisé.