Je n'aime pas le western. Pour qu'il y ait une chance que ça trouve grâce à mes yeux, il faut que les codes qui régissent le genre soit cassés. Si ce n'est pas le cas, il me faut un truc fort pour que ça marche, sinon, c'est même pas la peine. Pour ce qui est de "Johnny Guitare", les codes sont cassés, et de quelle manière. À moins qu'un autre ne m'échappe, il s'agit là du premier western féministe. Ça veut dire ce que ça veut dire. Ici, ce sont les femmes qui ont le pouvoir. Vienna est propriétaire d'un saloon dans lequel les hommes se tiennent à carreau et Emma possède une banque et est donc riche à souhait. Avec ça, le film avait tout pour me plaire. Et, j'ai été pris par le truc au début, genre la première demi-heure. Après, j'ai complètement lâché. Il faut supporter une tonne de bavardages stériles, l'action n'avance plus et c'est ennuyeux à n'en plus finir. Il faut alors attendre le final, dans lequel les femmes forcent la décision, pour sortir de la torpeur. Quant au casting, parlons-en un peu : c'est une catastrophe. Et commençons par les femmes vu qu'elles sont la raison d'exister du film. Mercedes McCambridge est pitoyable, grotesque, il n'y a qu'au cinéma qu'un personnage aussi mauvais peut être perçu comme une menace. Joan Crawford est stoïque à n'en plus finir et ne sait qu'écarquiller les yeux. Quand on la voit jouer de la sorte, et si c'est la première fois qu'on la voit jouer, on se dit que la remise en cause de ses talents d'actrice par Bette Davis était bien fondée, en réalité, elle ne l'était pas. Tout le monde a droit à une mauvaise performance, ça arrive. Les hommes, même tabac. Les redresseurs de torts sont inexistants. La bande quatre fait peine à voir. Turkey est une crapule de pacotille, Corey est un fantôme, Ernest Borgnine (alias Bart) hérite d'un rôle indigne de son talent et le Dancin' Kid est un chef de bande aussi charismatique qu'une feuille d'essuie-tout détrempée. Même Sterling Hayden est timoré. Alors, quand on en arrive à pareil point, ça veut dire que l'échec est total. Le Sterling Hayden de "L'ultime razzia" et de "Quand la ville dort" est absolument mémorable, celui de "Johnny Guitare" ne l'est pas. Un western culte ? Pour le côté féministe (et donc avant-gardiste et courageux) oui, assurément, mais pour le reste non, il y a trop peu de choses à voir.