Passionnant long western avec ces légers anachronismes qui n’entache son excellence, Dirk Bogarde fait une belle prestation par son mysticisme nuancé gay, un style qui dégaine son jeu de la méchanceté, c’était la mode flamboyante au temps des cowboys. J’aime bien cette mise en scène visuelle et sa musique instrumentale saccadée tellement intrigante comme pour mettre la pression en intensité plus que le scénario. Le prête et un bad cow-boy dans un triangle amoureux contrarié avec une nymphette, ça ne manque pas de charme. Le rôle de l’homme de foi est fascinant, entre sa passion religieuse et un amour partagé, son retranchement dès l’apparition de bad Zorro, un homme troublé par sa présence puisse le rôle être refusé par Charlton Heston en raison de sa teneur homosexuelle équivoque. Ce qui heurta aussi sa sensibilité religieuse, l’histoire est anticléricale, les oppositions bandits sans foi ni loi se clashent avec les croyants terrorisés. C’est John Mills qui l’honora, il ne sera question de se rouler une pelle avec l’entreprenant en pantalon de cuir. L’esthétisme de la réalisation fut en avance sur son temps, une flamboyante flagrance moderne. Ce n’est pas pratique pour courir, se battre et on assiste à un vrai défilé de mode très drôle, le contexte théâtral à l’image des films de Sergio Leone, rien ne vaut que de bonne scène de pistolet fight. Il y a le viril John Wayne, ceci est une autre vision de ce monde de macho plus gai mais tout aussi méchant de prétention, ambiguë personnage sexualisé de fiction. Des superbes répliques où l’église et ses fidèles en confrontation avec les laïques, seul Dieu invoqué ne soit présent pour se justifier auprès de l’injustice faite à la morale. Une fin de partie touchante en plein cœur des hommes qui se battent pour leurs convictions jusqu’au bout, côte à côte dans la fatalité, la prévalence « The singer, not the song », une œuvre anglophone subtile.