Même si ça paraît impossible, il faudrait, à un moment, mettre de l'ordre dans les rôles de chacun dans les productions de Tsui Hark, où il est tout de même très souvent considéré officieusement comme metteur en scène, ce qui est le cas pour L'Auberge du Dragon où il est co-crédité avec Raymond Lee.
C'est au cœur de la dynastie Ming qu'il nous envoie pour nous faire suivre une imparable et sanglante traque dans un pays où règne une horrible répression. Tsui Hark continue donc de faire revivre le Wu Xia Pian avec cette nouvelle version de Dragon Gate Inn initialement mis en scène par King Hu, et il en signe-là un remarquable représentant, démontrant à nouveau une parfaite maîtrise de ce genre.
Ici, c'est d'abord par son histoire que l'oeuvre brille, passionnante, avec un soupçon de complot planant dans l'air, comme les personnages, et notamment féminins, avec une intrigante auberge comme point central. Tsui Hark met de l'intensité dans son oeuvre, parvient à créer une ambiance forte où il bannit tout excès pour mieux nous y immerger. Son sens du rythme, de l'image et surtout de la chorégraphie font le reste, tout est parfaitement maîtrisé à l'image du contraste entre les séquences dans l'auberge, plus réaliste, et celles en extérieures, notamment dans le désert, plus folles.
Via l'intrigue, on subit une pression de plus en plus forte jusqu'à une parfaite dernière partie alors que L'Auberge du Dragon bénéficie d'une parfaite reconstitution. L'aspect huis-clôt est assez bien maîtrisé, tout comme l'intrusion et évolution des personnages féminins, qui sont au cœur du film. Comme souvent, on pourra aussi apprécier les qualités de directeur d'acteur de Tsui Hark où ici, Tony Leung Ka-fai, Donnie Yen, Brigitte Lin ou encore Maggie Cheung brillent devant sa caméra.
Tsui Hark signe avec L'Auberge du Dragon une nouvelle vision forte du Wu Xia Pian où il joue habilement avec les codes du genre pour mieux en faire ressortir l'intensité et la puissance, à travers une oeuvre palpitante et parfaitement maîtrisée.