Les répliques cultes de notre enfance, les éclats de rire de notre jeunesse ont pris, visionnage 2014 oblige, un vilain coup dans la panse. Oui, The Mask, une révélation comique pour le grimaçant Jim Carrey, l’introduction dans les hautes sphères du cinéma de Cameron Diaz bas sincèrement de l’aile 20 ans plus tard, toute une sagesse acquise en route depuis lors. Les références aux univers des Looney’s Toons ou encore au formidable Tex Avery sont finalement les seules excuses admissibles, les seuls références avouables derrière un tel film, certes attrayant pour l’enfance de hier comme celle d’aujourd’hui. Pour autant, de la bouteille acquise depuis, comme mentionné, The Mask tourne très vite à la désillusion, confirmation faite que notre esprit d’antan, notre tempérament de jeunesse, n’était pas un valeur sûre pour ce qui était de débusquer des chefs d’œuvres.
Bon, ne crachons pas pour autant impunément dans la soupe, le film de Chuck Russell est un divertissement honorable. Pour peu que l’humour bruyant, les effets de manche kitsch et les maraudes incessantes d’un acteur particulièrement expressif ne vous dérangent pas, vous allez vous amuser. Pour ma part, si Jim Carrey ne me déplaît pas, globalement, ce n’est pas ici que je l’ai le plus apprécié. Trop lisse, son personnage, le masque remisé, n’est que l’archétype de pauvre gars coincé dans la vie par un tempérament bon enfant, se faisant marcher dessus pour ses semblables faute de ressource pour vivre comme il le souhaiterait. Le complexe d’infériorité et un coup de foudre pour une poupée toute trempée apparue sur son lieu de travail feront dès lors en sorte que le masque lui permettra de s’émanciper.
Bref, drôle, oui, dans une certaine mesure. Pour autant, d’avantage que poilant, le film s’affiche plutôt comme un lourd enchaînement de braillements, de chansons kitsch et d’effets visuels soignés, mais pour l’époque, soit 1994. Coté casting, si tous autant que nous sommes étions tombés amoureux de Cameron Diaz, si nous connaissions tous Jim Carrey, le reste des interprètes sont pourtant catastrophiques. Le flic du moment est un crétin, le méchant, pour le coup, est insupportable, sans parler de sa gueule de premier de la classe, option loose, et le reste, les à cotés, ne valent pas mieux. Honnêtement, rien n’est plus sidérant que l’incapacité d’un metteur en scène à trouver les bons acteurs, surtout dans ce genre de film léger, ou il aurait été facile, aisé, d’y apporter un élan d’humour en plus en usant d’intelligence dans la distribution.
Au final, voilà bien dix ans que je ne m’étais pas arrêté sur The Mask et que la réouverture du lecteur pour y insérer un disque tout vert m’a paru laborieuse. Un sacré coup de vieux au compteur, un handicap majeur en plus, le public est maintenant mature, cette redécouverte du film de Chuck Russell fût honnêtement désagréable. Bref, par respect pour un film de mon enfance, je devais avoir dix ans lorsque je l’ai découvert, je m’arrêterais maintenant de conspuer un drôle de morceau de cinéma qu’il est plus aisé de rapprocher aux Cartoons qu’à une comédie traditionnelle. Sans doute que The Mask attire encore derrière lui une foule d’aficionados. Tant mieux. 07/20