Un des plus grands films de l'histoire du cinéma, et patati et patata... Les gens n'en ont pas marre de répéter comme des moutons ce qu'on leur a enseigné (une fois de plus) ? Certes, "Le Voyeur" eut en son temps une influence considérable ; cela n'en fait pas pour autant un classique incontournable à plébisciter encore aujourd'hui. "Moderne pour son époque", "révolutionnaire" même à en croire les plus élogieux... Mouais... Le cul entre deux chaises, coincé entre deux époques parmi lesquelles il ne peut choisir, incapacité d'affirmer son identité, frilosité, là d'accord ! Pour un film de la fin des années 50 (1960 en fait) et comparé à un système Hollywoodien alors à bout de souffle, on sort évidemment des bleuettes traditionnelles conformistes et moralistes. Néanmoins, le fait de ne pas oser clairement se démarquer d'un classicisme pompeux qu'il semble admirer plonge le film de Michael Powell (un Britannique, entendons-nous bien) dans l'impersonnalité la plus probante. Que faire ? Tendre un bras d'honneur à une forme stylistique passée et obsolète ? Oh, non mon dieu, quelle injure ! Pourtant, elle est nulle et ennuyeuse alors tentons d'y apporter un peu de sang neuf (mais pas trop). Contrairement à d'autres oeuvres de la même époque (lorsque Bergman, Antonioni, Godard ou Fellini s'imposaient avec un regard neuf sur l'art), "Le Voyeur" ne sait pas où donner de la tête. Coincé, incapable de faire des choix radicaux, il semble bien naïf, tiraillé entre son propos intéressant (bien que guère développé, enfin pas autrement que par l'intermédiaire d'un thriller improbable et risible) et sa forme ringarde, pleine de formalisme et d'obéissance pour des conventions qui n'avaient plus lieu d'être. Ohlala quelles belles couleurs, c'est l'influence de l'expressionnisme ! Quelle application, comme tout cela est méticuleux ! Tu parles, c'est surtout la preuve que Powell n'avait pas su évoluer convenablement et s'était finalement arrêté à l'usine à rêves et au "Magicien d'Oz"...