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Frédéric P
15 abonnés
185 critiques
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4,0
Publiée le 31 janvier 2019
Ce film de 1960 de Michael Powell est à voir. Tout d’abord pour le traitement de la couleur, la précision des cadres, les raccords sur les boissons.
Un photographe/caméraman commet une série de crimes de femmes à l’aide du pied de sa caméra tout en filmant ses crimes. Fils d’un biologiste qui a fait des expériences sur lui quand il était petit le filmant sans cesse, le héros n’a pas pu avoir d’intimité. De cette enfance violée est sorti un être immature et impuissant. Le visage imberbe de Karlheinz Böhm rappelle celui de Peter Lorre dans M. le maudit. Aucune scène gore, dans un film d’abord psychologique.
Un film très Hitchcockien, de part son sujet ou l’aspect pervers de son personnage principal qui n’est pas dissimulé. La dissertation sur le cinéma et la violence est lui aussi au cœur du film mettant en parallèle le personnage principale et le spectateur lui aussi à la recherche d’images à sensation fortes. Le film paraît incroyablement audacieux quand on voit quand il a été réalisé même si dans certains aspects il a mal vieilli comme pour sa scène finale, ou la manière de jouer de certains acteurs.
Très très belle découverte. Le sujet est glauquissime, mais le film échappe au sordide grâce au soin qu'il apporte à son atmosphère: mise en scène, lumière, décors, couleurs, tout est parfait. Esthétiquement, c'est un bonheur, et le scénario n'a finalement pas tellement vieilli non plus. Le film est sorti la même année que Psychose, mais son approche de la psychanalyse est beaucoup moins datée et maladroite que celle d'Hitchcock à mon avis. Aussi indispensable que Les Chaussons rouges.
Le film le plus dérangeant et mystérieux du génial Michael Powell, auteur avec son complice Emeric Pressburger (ici absent) de plusieurs chefs-d'oeuvre. Le Voyeur suscita une réaction de rejet voire de révulsion en 1960 car tout le récit se déroule selon le point de vue d'un assassin malade qui filme ses victimes au moment où il les tue. Et lui-même est une victime ayant subi enfant les tourments infligés par un père sadique. Réflexion sur le cinéma et le voyeurisme, filmé avec la virtuosité et l'élégance formelle dont Powell était coutumier, Le Voyeur eut une grande influence sur le giallo, le cinéma de De Palma, etc. Voir ma critique et mon analyse complètes sur mon blog : newstrum.wordpress.com
Au vertige méta des premières scènes succède un thriller psychologique certes plus classique mais néanmoins tout aussi passionnant. Même pas besoin d'évoquer sa descendance célèbre pour reconnaître que 'Le Voyeur' est un grand et singulier film.
Un film concept sur le cinéma à travers une situation schizophrénique. Pris au premier degré, Le voyeur peut susciter la répugnance, comme ce fut le cas à sa sortie. Lorsqu’on l’analyse, on se laisse moins atteindre par la violence qu’y s’en dégage et on réalise à quel point il a de la matière. Mark Lewis a été un enfant dont le sentiment de protection a été trahi. Il n’a cessé depuis à chercher refuge dans l’objectif de sa caméra et dans sa tanière cinématographique. Sa vie sexuelle s’en voit refoulée. Lorsqu’il se retrouve devant une femme, il perd ses moyens. Il se masturbe en prenant des clichés de prostituées en tenue légère, jusqu’au jour où la pulsion se fait trop forte et que son fantasme pathologique l’appelle : Filmer la peur dans le visage de sa victime en avançant vers elle, une patte de trépied effilée en guise de phallus, et un miroir disposé pour qu’elle voit sa propre terreur juste avant d’être égorgée. Un orgasme simultané. Le personnage d’Helen qui cherche à le sauver en se faisant aimer de lui et sa mère aveugle qui saisit le trouble profond du voyeur par tous ses autres sens contribuent à l’intelligence scénaristique de l’œuvre. Il n’y a rien d’inutile dans Le voyeur. Chaque séquence, chaque réplique nourrissent le propos. La qualité du jeu des acteurs et de la direction photo passe pratiquement inaperçue à travers la parfaite architecture du scénario. La relation de Leo Marks et Michael Powell a mis au monde un personnage tourmenté, mais ô combien intéressant. Dommage qu’on ne l’ait pas reconnu de leur vivant !
Je n'ai pas été emballé par ce classique et j’imagine sans peine ce qu’en aurait fait un Hitchcock. La ligne narrative est plate et, bien que malsaine, elle n'est guère effrayante. Mais bon, Michael Powell ne démérite pas pour autant, sa mise en scène est heureusement de qualité.
Ce film maudit qui ruina la réputation et la carrière de Michael Powell à sa sortie est aujourd'hui considéré à raison comme culte. Bénéficiant d'une mise en scène remarquable et d'une photo superbe – chaque plan est ultra-travaillé – il narre la morbide histoire d'un tueur en série particulièrement dérangé, fortement marqué par une enfance perturbée, et ne se séparant jamais de sa caméra. Le scénario s'intéresse ainsi en filigrane aux théories de la psychanalyse, tout en portant une réflexion sur le cinéma lui-même. L'acteur principal Karlheinz Böhm est impressionnant.
Un film surpuissant dans la terreur sans jamais faire sursauter le spectateur dans son siège, peut-être cela est pire car il est impossible de relâcher la tension nerveuse constante de la première à la dernière minute ! L'ambiance à l'anglaise de ce film Le Voyeur rappelle dans ses scènes de bas-fonds des classiques comme Jack L'Eventreur mais version moderne. Ici on est souvent mis en miroir avec l'obsession malsaine de cet assassin : on devient la caméra, on devient nous-mêmes des voyeurs donc des complices de ces massacres. Le plaisir anticipé de voir le crime se transforme très intelligemment en honte de nos pulsions animales car jamais Le Voyeur n'a la bassesse de nous offrir le spectacle de la mise à mort. On devine plus qu'on ne voit, encore une fois cela est peut-être pire... Les acteurs sont tous très bons, le film ne faisait pas vraiment daté dans sa mise en image, il aurait très bien pu sortir en salles dans les années 90, un vrai précurseur ! Des choix techniques très courageux, et une fin qui vaut vraiment le détour, la seule fois où l'on assiste à la mise à mort de quelqu'un, mais pas celui que l'on croit... Prodigieux et angoissant. Un classique du cinéma à découvrir sans hésitation !
Un film d'épouvante glacial, dérangeant et morbide qui déclencha une levée de boucliers à sa sortie avant d'acquérir la réputation d'une oeuvre culte. Il constitue à la fois une réflexion sur la fabrication et la consommation des images ainsi qu'un bouleversant mélodrame.
La séquence d'ouverture du film est une des plus fortes : on y voit le tueur suivre une prostituée en la filmant. Mais l'objectif de la caméra, semblable à une cible, annonce le meurtre sanglant. L'acte filmique est donc un acte meurtrier, et le regard de Mark Lewis se substitue d'une manière forcément provocatrice à celui du cinéaste. On peut toutefois regretter que cet élan transgressif ne soit pas poursuivi sur la durée d'un long-métrage qui vaut surtout pour une photographie agressive, qui fait ressortir des couleurs dynamiques représentatives de l'esprit torturé du protagoniste masculin, indéniablement pervers mais aussi fragile et lucide. Le film, s'il paraît très vite abattre ses cartes, trouve une porte de sortie habile grâce à l'idée selon laquelle le tueur doit se nourrir de la peur de ses victimes pour les tuer, un acte nécessaire qui renvoie Mark à son passé où le père est à la fois le bourreau et le miroir d'un enfant qui devient à son tour le monstre. "Le Voyeur" est un film intéressant, voire passionnant par moments, mais dont on aurait aimé qu'il soit encore plus complexe, qu'il parvienne à trouver une forme vertigineuse à la hauteur de la psychologique de son personnage principal.
De belles choses, dans la réalisation surtout, mais des longueurs et les acteurs ne sont pas toujours très convaincants. Une mise en abyme qui avait du potentiel mais qui nous laisse sur notre faim.
Si l'histoire se tient (malgré une fin granguignolesque) et si la réalisation est très correcte (et même parfois très innovante), on regrettera le casting, dans lequel les deux principaux rôles peinent à être à la hauteur. L'ambiance fait penser à certains films de la Hammer ce qui constitue à la fois un compliment et un constat sur les limites du film.
Magnifiquement réalisé par Michael Powell, superbement interprété par Karlheinz Bohm, et doté d'une admirable photographie, "Le Voyeur" est un thriller britannique qui nous montre comment un jeune opérateur de cinéma filme ses propres assassinats qu'il commet sur des femmes. L'ensemble est vraiment prenant à suivre, car il possède encore aujourd'hui une grande modernité dans son style et par son approche du voyeurisme qui a rarement été aussi bien montrer au cinéma. Un chef-d'oeuvre car il pose en plus une belle réflexion sur la violence au cinéma.
Quand il met en chantier « Le voyeur », Michael Powell n’est plus en collaboration avec Emeric Pressburger depuis trois ans et son premier film en solitaire « Lune de miel » n’a pas été un franc succès. Le sujet lui est amené par Leo Marks, personnage au parcours atypique, fils du propriétaire d’une célèbre librairie de Londres (Marks and Co), ancien cryptographe pour l’armée anglaise pendant la Seconde Guerre Mondiale mais aussi écrivain à ses heures. Les deux hommes sont fortement intéressés par les travaux de Freud dont ils envisagent dans un premier temps de réaliser une biographie, mais l’annonce du projet de John Huston sur le même sujet les faits renoncer. Marks propose alors une histoire autour de la scoptophilie (voyeurisme) , phénomène qui l’intrigue depuis ses années passées au SOE (Special Operation Service) et déjà porté à l’écran avec succès par Alfred Hitchcock (« Fenêtre sur cour »). Il raconte donc à Powell le parcours de Mark, spoiler: un jeune homme martyrisé dans son enfance par un père psychologue qui sous prétexte d’une étude sur la réaction de l'humain à la peur torture son fils en le filmant en continu, soumis à l’angoisse et au stress. Mark sort de cette expérience perturbé . Devenu adulte et opérateur-caméra il, reproduit la psychose de son père en filmant des femmes juste avant la mort qu’il va leur infliger, incapable qu'il est de développer une relation sentimentale ou sexuelle normale. Le sujet emballe Powell qui bien conscient de l’âpreté du thème abordé récolte difficilement les fonds utiles au tournage. Grand adepte de Fritz Lang et de son film choc « M le maudit » (1931), Powell choisit comme le grand réalisateur allemand de ne pas accabler son héros en le présentant en monstre. Allant encore plus loin que Lang, il choisit après la défection de Lawrence Harvey, l’acteur allemand Carl Boehm (fils du grand chef d’orchestre), ex-fiancé de Romy Schneider dans la série des Sissi dont le visage séraphique est à mille lieux de l’image que l’on peut se faire du tueur en série qui n’a pas encore acquis la popularité cinématographique que lui donnera le slasher à partir des années 80. Pire encore, il donne une lecture romantique à cette histoire sordide en laissant imaginer un temps une rédemption par l'amour. Ce sera selon Bertrand Tavernier l’erreur commerciale fatale de Powell qui verra un tombereau d’injures agonir le film à sa sortie, la critique encore moralisatrice de l'époque ne comprenant pas le parti pris à ses yeux déviant du réalisateur que n’excusera en rien le substrat traumatique révélé par l’enfance du héros dont le père est joué dans le film par Powell lui-même (son fils interprétant Mark enfant). Comme souvent le temps fera son affaire et le film sera réhabilité mais la carrière de Powell un temps exilé en Australie ne s’en relèvera pas. Sur le plan formel "Le voyeur" dégage une étrangeté que reprendra à son compte quatre ans plus tard WiIliam Wyler dans « L’obsédé » suivi de bien d’autres par la suite. Powell filme le quotidien du jeune homme en le parsemant de moments drolatiques qui ne préparent en rien le spectateur à voir apparaitre cette face sombre, elle-même montrée de manière peu dramatique lui faisant toucher du doigt la frontière ténue entre normalité et monstruosité. Le pouvoir d’immersion dont use Powell avec son immense talent étant ressenti comme un miroir tendu aux pulsions enfouies en chacun de nous, le prix à payer a été à la hauteur du choc ressenti. Le cinéaste avait sans aucun doute raison si l‘on observe ce que la technologie actuelle qui permet à chacun de filmer tout et tout le temps, développe comme abus d’intimité chez beaucoup de scoptophiles qui s’ignorent. « Le voyeur » était donc un film prémonitoire et c’est sans aucun doute ce qui lui a valu cet opprobre. S’il reste le dernier film marquant de Powell qui n’avait alors que 54 ans, « Le voyeur » démontre une virtuosité aujourd’hui incontestée alliée à une curiosité artistique insatiable qui ne pouvait être tenue en laisse par quelques producteurs frileux ou critiques moralistes.