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Yves G.
1 457 abonnés
3 487 critiques
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3,0
Publiée le 29 septembre 2022
Mark Lewis (Karl-Heinz Böhm, le François-Joseph de Sissi) est un jeune homme discret et solitaire, opérateur pour une société de production. L’éducation qu’il a reçue de son père, un grand clinicien qui a fait de lui le cobaye de ses expérimentations sadiques, a détraqué son psychisme. Il habite dans un quartier cossu de Londres un étage de la maison héritée de ses parents. Il y a aménagé un immense studio de cinéma. C’est là qu’il développe et projette les films qu’il tourne avec la petite caméra qui ne le quitte jamais des meurtres qu’il commet sur des femmes dont il veut saisir à l’instant de leur mort l’image ultime de la peur panique.
"Le Voyeur" constitue une mise en abyme particulièrement troublante et intelligente de l’art de filmer. Il met en scène un névrosé qui cherche à se libérer de sa maladie avec l’aide de sa voisine. Le sujet, très freudien, était dans l’air du temps dans les 50ies, la référence la plus juste étant moins "Psychose", souvent cité, car sorti quasiment en même temps que "Le Voyeur" que "La Maison du Docteur Edwardes" où Ingrid Bergman aide Gregory Peck à vaincre son amnésie, ou "La Femme au gardénia" de Fritz Lang. Mais cette névrose s’exprime d’une façon particulièrement originale d’un point de vue cinématographique : l’œil. L’œil qui regarde en cachette ce qui ne devrait pas être vu (c’est la définition la plus simple du voyeurisme). L’œil qui veut capter et éterniser un instant (c’est une des définitions de la photographie). L’œil qui blesse voire qui tue en révélant ce qui n’avait pas vocation à l’être. L’œil enfin de celui qu’on filme, qui se voit en train d’être filmé et ici, grâce au procédé particulièrement sadique imaginé par Mark Lewis, qui se voit en train de mourir.
Comme les plus mauvais Hitchcock, "Le Voyeur" n’a pas très bien vieilli. Ses héros restent encombrés d’une timidité passée d’âge : Karl-Heinz Böhm est trop timide pour susciter l’effroi, Anna Massey trop nunuche pour susciter le désir. La grande ballerine Moira Shearer s’en sort mieux dans le rôle d’une pythonisse aveugle et alcoolique (Michael Powell avait lancé sa carrière en 1948 dans "Les Chaussons rouges"). Son histoire ne glacera plus grand-monde. Pour autant, grâce à la réflexion à laquelle il nous invite sur l’acte de filmer, "Le Voyeur" fait partie des grands films de l’histoire du cinéma. Il a sa place, méritée, dans toutes les anthologies.
Enfant traumatisé par un père psychiatre qui expéri-mentait les peurs de son fils et les filmait (scènes du lézard), il veut faire pareil et devient tueur en série. Freud appelait ça pulsions scopiques du scoptophile dont une variante connue est le voyeur. Karlheinz Böhm est impeccable dans son rôle ambigu, Moira Shearer un peu âgée pour le sien, la scène finale est éclaboussante et la musique de qualité.
Thriller très psy du cinéma britannique. Les couleurs sont éclatantes et pourtant le sujet est très noir. L'histoire d'un serial killer qui prend plaisir a tuer en filmant la peur de ses victimes. Une magnifique mise en abyme du cinéma et de qui est le sadique, celui qui tue ou celui qui regarde celui qui tue ? Caméra subjective, voisine aveugle, omniprésence de caméras, d'appareils photos et pellicules de film composent et illustre ce film étrange un peu vieilli mais riche en trouvailles scenaristiques et cinematograohiques!
La virtuosité de la mise en scène efface les quelques aspérités de ce film (le coté un peu superficiel de l'histoire, les personnages aussi raides que des balais).
4 546 abonnés
18 103 critiques
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2,0
Publiée le 4 mai 2021
Ce film d'horreur peut avoir une signification historique mais je l'ai trouvé décevant. Dans le rôle du tueur le portrait de Bohm est simplement trop placide pour susciter l'intérêt. Peut-être que ce'est une étude de cas intéressante pour ceux qui spéculent. Après tout Mark est à peu près le dernier mot en matière de expression émotionnelle. De plus la canne pénétrante qui se dresse au-dessus de ses victimes est un symbole révélateur. Néanmoins le résultat global s'apparente à un cinéma qui n'a pas réussi à m'impliquer. Pour moi les meilleures scènes sont celles des plateaux de tournage. Un tel chaos organisé semble bien loin d'Hollywood. Dommage que la mère aveugle d'Helen (Audley) ne soit pas la coupable. Elle projette une réelle profondeur de personnage qui est un contraste nécessaire avec celle de Bohm en bois. Il y a aussi Anna Massey au visage ordinaire dans le rôle d'Helen. Son regard et ses manières sont poignantes ce qui crée un certain suspense lorsqu'elle entre en contact avec le tueur en série. Quoi qu'il en soit il est possible que j'aie vu une version mal éditée de ce qui est réputé être un film bien édité...
Un film étonnant d une autre époque mais qui fonctionne à merveille. La mise en scène est tout simplement parfaite et très élégante pour un film de genre . Les comédiens impliqués et performants.
Ce film n'est rien d'autre que le papa du giallo et du slasher, ce qui fait donc de lui une pierre angulaire du thriller et du cinéma d'horreur. On est cependant ici plus prêt du giallo, on tend plus vers le thriller psychologique que vers l'horreur comme le seront Halloween ou Vendredi 13. Pour l'époque le film est extrêmement novateur, à tel point qu'il en coûta la carrière à son réalisateur. Le film en lui même en génial! La mise en scène est scène est sublime, la direction d'acteur vraiment très bonne et il pèse une véritable atmosphère.
Un classique du thriller aux accents hitchcockiens. Sorti en 1960, "Le voyeur" aborde déjà un thème qui reste toujours d'actualité : la fascination de l'image et de la violence filmé. Un thème d'autant plus présent dans notre société depuis le développement d'internet et de l'usage des smartphones. D'un point de vue cinématographique, tout est là où il faut : un bon casting, une mise en scène soignée et un solide scénario. Pourtant, si la technique est bluffante, je n'ai pas ressenti de tension, d'atmosphère oppressante comme l'on était en droit d'attendre d'un tel film. Du coup, l'impact de l'intrigue et de sa violence psychologique m'a laissé de marbre. Dommage mais un long métrage à voir tout de même.
Mon œil ! Certains films ont marqué le cinéma parce qu’ils ont construit un nouveau genre ou parce qu’ils ont fait naître de grands artistes. Le Voyeur est de ceux-là. On suit un jeune et discret opérateur-caméra, Mark. Mark ne vit que pour la caméra. Solitaire, il se fait ses films et se les repasse le soir chez lui, un appartement dont la porte ne ferme pas et dans lequel chacun peut entrer. Traumatisé par les expériences de son père, psychanalyste travaillant sur la peur, Mark rêve de capturer sur pellicule la terreur à l’état pur ou plutôt la terreur dans l’œil de celui ou celle qui la vit. A la recherche du grand frisson, il tue et filme la mort des jeunes femmes qu’il rencontre. On ne sera pas étonné d’apprendre que ce film a été très mal reçu à sa sortie en 1960. On lui reprochait d’être malsain, pervers, dangereux. C’est pas faux. Mais surtout Powell propose ici au spectateur de réfléchir sur son positionnement face aux images qu’il a consenti à regarder et donc d’assumer son voyeurisme. Pour bien se figurer les choses, il faut voir ces scènes dans lesquelles le pied de la caméra se transforme en lame tranchante qui va s’enfoncer en gros plan dans la gorge des jeunes et jolies demoiselles. On perçoit la référence phallique et il s’agit ici d’un viol. Mark cherche à s’approprier la peur de ses victimes, leur intimité par ce sentiment si profond et si sauvage. Il les possède. En regardant à nouveau les images qu’il a tournées, il revit le meurtre et place l’âme capturée dans une armoire à fétiches. Il est à la fois acteur et spectateur de son voyeurisme. La caméra subjective amène le spectateur du film à prendre cette même position et à analyser son sentiment de malaise. Au fond, c’est le cinéma lui-même que Powell propose de regarder droit dans l’objectif, cette illusion de réalité et la manière dont le spectateur accepte le réalisme des images. Comment il accepte de regarder des gens ignorer sa présence. Le spectateur crée le sens parce que le film n’existe pas sans lui. On pourra aussi se dire que Powell propose un regard décomplexé sur son travail et ses obsessions, c’est en ce sens qu’il influencera grandement de Palma, Argento, Scorsese et d’autres. Dans son film, Powell incarne lui-même le père, celui par qui crée le malheur en premier lieu et son fils IRL tient le rôle de Mark jeune. Sacrée mise en abyme. On tient donc un très grand thriller psychologique à placer sur le même podium que les meilleurs thrillers d’Hitchcock dont les thématiques sont proches. Pour prolonger la réflexion, on peut voir le Voyeur comme un des premiers films à placer le tueur en série au centre du récit, obligeant le spectateur à s’identifier à lui. Plus tard naîtra la fascination pour le tueur chassant sa jeune, belle et innocente victime (La Nuit des Masques et tous les slashers qui suivront). Malsain ? Oui, peut-être. Mais comme la beauté, l’horreur est dans l’œil du spectateur.
Le voyeur est kitsch, parfois mal joué, comportant de nombreuses incohérences et est un film qui fait pale figure en comparaison d'un mastodonte comme Psychose. Pourtant, le voyeur tire sa force autour d'un personnage principal duquel il faut faire abstraction de tous les défauts du film qui sont assez excusables en fin de compte au vu de la fin. C'est également un film avec une ambiance assez maîtrisée, qui si l'on est un peu médisant, pourrait paraître grotesque mais qui devait être novatrice voire étouffante pour l'époque.
Ce film, réalisé par Michael Powell et sorti en 1960, n'est pas mal mais sans plus, enfin à mon goût en tout cas. C'est l'histoire de Mark, un opérateur-caméra, qui commet des meurtres en filmant ses victimes. Considéré comme un précurseur du slasher, je me devais absolument de voir ce film, appréciant beaucoup le genre. Finalement, j'en suis plutôt déçu car au vu des très bonnes notes et critiques, je m'attendais à autre chose chose, tout simplement. Sorti la même année que "Psychose", je comprends un peu pourquoi ce film a beaucoup moins marqué le cinéma que ce dernier. Effectivement, les sujets sont plus ou moins les mêmes et si je dois poursuivre la comparaison à "Psychose", je trouve ce dernier beaucoup mieux élaboré sur le plan psychologique du personnage. Je ne dénigre pas pour au tant le film de Powell mais je trouve qu'il survole un peu trop le sujet, ce qui est assez dommage. Nous avons de plus des scènes un peu longues et le film n'est dans son ensemble pas vraiment captivant, ce qui créer quelques fois de l'ennuie. Malgré tout, nous avons une excellente mise en abyme et une très bonne mise en scène qui remonte, pour moi en tout cas, un scénario pas assez creusé. Je trouve qu'en effet, la réalisation est excellente et rentre tout à fait dans le thème du voyeurisme, nous y sommes constamment plongé et il pose en même temps de très bonnes questions sur le rôle même du cinéma et du regard que l'on y porte, nous, en tant que spectateurs. En ce qui concerne les acteurs, nous retiendrons surtout Karlheinz Böhm qui joue vraiment très bien. "Le Voyeur" ne m'aura donc personnellement pas spécialement marqué mais je reconnais qu'il est assez bien fait et intéressant sur de nombreux points.
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12 423 critiques
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3,5
Publiée le 21 juillet 2019
L'un des classiques essentiels du cinèma britannique où la censure à l'èpoque ètait particulièrement sèvère! Sorti en 1960, "Peeping Tom" de Michael Powell complète cette sèrie de portraits d'assassins, malades mentaux, dont les troubles remontent à l'enfance! Ce film de terreur a pu, plutôt que d'autres, faire ètat d'obsessions ou de perversions, sujets encore exclus des productions commerciales ordinaires, les choses ètant dites plus ou moins clairement! Karlheinz Böhm rèussit une remarquable crèation - l'unique de sa carrière - est, comme Anthony Perkins dans "Psychose", un personnage gentil, sensible, quoique renfermè! Sa prestation est à des annèes lumières de l'empereur Franz dans "Sissi" puisqu'il joue ici un voyeur très particulier, un assassin anxieux d'observer sur les traits de ses victimes (la plupart sont curieusement rousses) la terreur èprouvèe face à la mort! Le hèros pousse donc le raffinement jusqu'à filmer l'agonie de ses pauvres femmes, avant de les ègorger avec un pieu aiguisè! On imagine le choc à la sortie du film et on comprend mieux pourquoi "Peeping Tom" reste l'une des oeuvres prèfèrèes de Scorsese et De Palma...
Un vieux film qui n'a rien perdu de son charme et de son sens du suspense. "Le voyeur" n'est pas un slasher à proprement parler, mais il possède tous les codes du thriller légèrement horrifique. A la différence que l'on suit de bout en bout le tueur en question, ses interrogations et sa psychologie. Même s'il est difficile d'avoir de l'empathie pour lui, on comprend mieux les ressorts et ce qui le pousse à faire ça, à travers son passé notamment. Les scènes de meurtre sont glaçantes, et bien amenées. Un classique à voir pour tout amateur du genre.
Film qui n' a pas trop mal vieilli, avec des belles couleurs qui raconte l'histoire d'un tueur qui film ses victimes. film qui ne fait toutefois pas peur.
Un chef-d’œuvre. J'ai absolument adoré ce film, très perturbant et très précurseur (à quelques mois près) de ce que le film Psychose apportera au cinéma. Le film est extrêmement glauque pour les années 60, peu surprenant qu'il ait bousculé les critiques presse et que le film n'ait pas eu de succès critique et commercial lors de sa sortie. Le film mêle ingénieusement des sujets tabous tels que la pornographie, le crime, …. Le personnage de Mark Lewis, tueur en série, est particulièrement flippant et torduspoiler: (et ce, même dans les images d'archives de lui, enfant) . Ce personnage est extrêmement hitchcockien (très proche de Norman Bates), à la fois dérangeant et attachant, humain et monstrueuxspoiler: (les scènes où il montre un visage doux et sympathique au contact d'Helen Stephens sont très réussies) . Le personnage de la mère d'Helen est lui aussi génialement écrit : aveugle, son sixième sens lui permet de voir complètement à travers le personnage de Mark. L'idée de voir à travers la caméra du meurtrier est extrêmement malin et innovant (cette logique sera reproduite à foison plus tard à l'ère des slasher movies avec la caméra en point de vue du serial killer). spoiler: La fin est absolument sublime : le monstre qui se suicide à la fois dans un acte rédempteur et également en apothéose de son art.
L'acteur principal, Karlheinz Böhm, est ultra-perturbant. C'est vraiment dommage que sa carrière n'ait pas brillé après ce film (mis à part les films Sissi). Anna Massey est très bien également. Quel dommage que le film ait été en avance par rapport à son temps, car il méritait clairement le même succès et la même pérennité que Psychose (qui ne sortira que quelques mois plus tard).