Un film superbe qu’Exhibition de Jean-François Davy. Le gros coup de cœur que j’avais eu pour Les Pornocrates m’a incité bien sûr à poursuivre dans la carrière de documentariste de Davy, et en plus ce film est centré sur celle qui m’a le plus marqué dans Les Pornocrates : Claudine Beccarie. Et mon impression ne m’a pas trompé, c’est un plaisir de l’écouter !
Ce que j’aime énormément dans ce film, c’est d’abord son extrême simplicité. Tout comme dans Les Pornocrates Davy ne cherche pas à assener des chiffres, des jugements, à se mettre en avant, à cacher ou a tricher, il montre avec sobriété et naturel le quotidien d’une star du milieu à l’époque : Claudine Beccarie. Comme dans Les Pornocrates Davy filme des scènes X avec un esthétisme manifeste, et il dresse un portrait très touchant de l’héroïne du métrage. On sent que le réalisateur est là bien sûr pour faire son portrait, mais qu’il ne la traite pas juste comme un sujet ou un phénomène exotique, on sent aussi une vraie tendresse et une vraie sympathie, et ça fait très plaisir.
D’autant que ce n’est pas du tout fréquent d’avoir comme cela un portrait de star du porno ! Même aujourd’hui ! Claudine Beccarie se confie sur les moindres détails de sa vie, et c’est un véritable roman. Je trouve que ce film est un des plus beaux témoignages de quelqu’un à l’écran. C’est à la fois très drôle (elle a un franc parlé et une manière de le dire irrésistible), très naturel, très frais, et très touchant. On sent vraiment une belle personne qui a eu beaucoup de difficultés dans la vie et son témoignage est merveilleux de sincérité, de simplicité. En plus le réalisateur-interviewer se montre d’une extrême discrétion, et c’est très positif. Honnêtement j’ai eu un plaisir immense à suivre pendant 1 heure 50 les confidences de Claudine Beccarie, et je suis très heureux que le réalisateur, à la fin de son documentaire ait rajouté un « après » qui montre le devenir de l’actrice après le porno, en ayant trouvé, semble-t-il, un équilibre de vie.
Si j’avais adoré Les Pornocrates, ici Davy m’a encore plus subjugué car on échappe au ton documentaire déjà très léger dans Les Pornocrates pour se retrouver face à une œuvre pleine de sensibilité, de finesse, et d’émotion. C’est jamais didactique, pédagogique, c’est un portrait, tout simple, jusqu’à la banalité du quotidien parfois, mais c’est gracieux et touchant, et le film doit évidemment beaucoup à Claudine Beccarie. 5 car c’est un moment magique.