Deux ans après « Casablanca », Michael Curtiz retrouve Humphrey Bogart, Claude Rains, Peter Lorre ou encore Sydney Greenstreet pour nous livrer « Passage pour Marseille », film de propagande qui nous emmène en Angleterre lors de la seconde guerre mondiale où un capitaine raconte l’histoire d’un journaliste à un correspondant de guerre intrigué par celui-ci.
Superbement mis en scène par Michael Curtiz, « Passage pour Marseille » bénéficie d’une histoire intéressante qui mêle aventure, prison, guerre ou encore drame avec des personnages plutôt intéressant et en particulier celui joué par Bogart, qui se révèle assez ambigu et sans pitié (dont la morale peut paraître douteuse) et Curtiz laisse régulièrement planer un soupçon de mystère autour. Les reconstitutions sont aussi très bonnes, que ce soit dans la jungle ou lors des scènes aériennes.
Curtiz use à merveille de nombreux flash-back, parfois plusieurs en même temps, et ne complique jamais l’histoire. Le montage est excellent. La photographie en noir et blanc est aussi superbe et Curtiz utilise très bien le jeu d’ombres et de lumières.
Néanmoins et malgré toutes les qualités que l’on peut trouver au film, c’est « gâché » (toutes proportions gardées) par une mentalité patriotique très (très) lourde, surtout dans la deuxième partie du film, bien aidée par la musique de Max Steiner (lui aussi s’occupant de la musique, très réussie par contre, de Casablanca) qui ne fait jamais dans la finesse, comme en témoigne ce passage où des prisonniers jurent d’aider leurs pays sur un fond de « Marseillaise » réarrangée.
Les acteurs sont impeccables et surtout Humphrey Bogart qui bénéficie d’un rôle qui lui va à merveille, toujours élégant (même en prison lorsque tous les prisonniers sont rasés… sauf lui !) et charismatique, il mérite à lui seul la vision de ce film. Dans les seconds rôles, Peter Lorre et Michèle Morgan sont très bons.
Bref, beaucoup de bonnes choses et un début très prometteur et si l’ensemble reste tout de même sympathique et de bonne qualité, c’est vraiment dommage que l’ensemble soit trop lourd à plusieurs reprises, notamment lors de la seconde partie du film.