Après son devoir de mémoire qu’était le film fleuve (de 9h30) Shoah (1985), qui mettait en lumière l'ignominie de l’horreur nazie, Claude Lanzmann s’intéresse cette fois-ci à Tsahal (Tsva Haganah Israël : les forces de défenses d'Israël) et sur ce qui relie les juifs de la non-violence aux combattants de l'Israël moderne.
A travers une longue série d’entretiens (d’une durée de 5h) réalisées auprès des militaires, des généraux et des soldats israéliens, ces derniers "problématise" la nature, les valeurs que défend l’armée israélienne et l'histoire de la longue marche d'Israël à la fois vers la reconnaissance et (surtout) vers la paix, après avoir participé à six guerres majeures (la guerre d'Indépendance en 1948, la guerre du Sinaï en 1956, la guerre des Six jours en 1967, la guerre d'usure entre 1968 & 1970, la guerre de Kippour en 1973 et la guerre du Liban en 1982).
Claude Lanzmann dresse le portrait d’une armée pas comme les autres et y apparaît par conséquent, ouvertement sioniste, sans réel désaccord ou contre-pied tout au long du film. On est donc en droit de se poser la question de savoir s’il a réalisé son film de façon purement objective ou non, tout en sachant qu’il a eu l’accord du gouvernement et de l’armée pour réaliser son film (initialement, c’est Itzhak Rabin, le Ministre de la Défense, qui l’avait sollicité pour réaliser un film sur la guerre d’Indépendance, on passe donc d’un film de commande à tout autre chose certes, mais toujours avec l’appui du gouvernement. Pouvait-il tout dire et tout montrer ?).
Quoi qu’on en pense, Tsahal (1994) permet une incursion comme rarement on en avait eu au cinéma et par ricochet, on pense automatiquement à Frederick Wiseman et à sa trilogie sur la guerre (Missile - 1988, Basic Training - 1971 & Sinai Field Mission - 1978).
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