L’Homme léopard est le premier Tourneur que je vois, et je n’ai pas été vraiment séduit par ce film, qui, s’il ne me découragera pas d’en voir d’autres de lui, ne m’a pas réellement marqué.Le casting n’est pas mauvais du tout, et je note même que quelques rôles principaux sont attrayants. La prestation de Margo notamment mérite d’être saluée, je crois que c’est elle qui tire le mieux son épingle du jeu du film, néanmoins les autres acteurs ne sont pas largués, Dennis O’Keefe notamment, tenant son rôle avec une grande sobriété mais de façon très convenable. C’est vrai en revanche que les personnages auraient pu avoir une meilleure écriture, mais bon, c’est pardonnable car ce n’est pas non plus un gros défaut vraiment gênant ici. Le scénario est le point noir du film. D’abord le rythme n’est pas génial pour un film d’1 heure 05 environ. Dans ce délai on attend un film qui file vite, bien, avec une intrigue qui coule sans accroc. Pourtant non, il y a des longueurs, et une certaine mollesse par moment, et cela en dépit d’un début canon. Le film manque de fluidité c’est un fait, se composant sur un schéma en fait très redondant. A cela j’ajoute que le suspense est en effet à la peine, et j’ai eu le sentiment que Tourneur n’a pas très bien su gérer le doute qu’il essaye d’instaurer au début, car le léopard disparait finalement assez vite de l’intrigue.La réalisation apporte heureusement quelques compensations toujours bonnes à prendre. Ainsi on a réellement quelques belles scènes avec de bonnes idées (le premier meurtre, le final, mais aussi l’introduction du félin dans le début), même si Tourneur n’évacue pas toujours le sentiment très théâtral de son film. Les décors tiennent la route, mais ça manque de naturel, ça sent trop le studio, notamment pour les scènes dans les rues, et même si la photographie qui distille de temps à autre une atmosphère plaisante est à la hauteur, il y a un petit sentiment mitigé. A noter que le film n’a rien d’horrifique, n’a rien de choquant, ce qui n’est pas surprenant pour un film de 1943 qui privilégie tout de même nettement l’ambiance. Ça fonctionne pas mal. La bande son est restreinte, on retiendra néanmoins un numéro hispanisant pour le coup très agréable.Ainsi L’homme léopard n’est pas un chef d’œuvre, mais n’est pas non plus un total ratage. Disons que ça aurait pu être un bon film s’il avait su se doter vraiment d’une histoire à la hauteur et surtout mieux traité. Je me souviens d’un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir qui portait sur un thème similaire, et qui était bien meilleur. Si les amateurs d’épouvante pourront le regarder sans crainte d’une franche déception, néanmoins il y a meilleur dans le registre, et je pense, dans le corpus de Tourneur.