Louis XIV, Marie-Thérèse d’Autriche, Philippe d’Orléans, La Voisin, Racine, Molière, Lully, Floridor… : suite à son mariage avec Du Parc (René Berthelot de son vrai nom et surnommé également Gros-René), Marquise-Thérèse de Gorta a pu côtoyer les plus grandes figures de son époque. Un tel destin devait un jour être porté sur le grand écran. Avec Marquise, Véra Belmont s’est attelée à la tâche et dut affronter un tournage houleux marqué par des conflits avec son actrice principale (qui attaqua même le film au moment de sa sortie). Pourtant, on peut estimer que cette dernière est assez injuste car Sophie Marceau livre une magnifique prestation (peut-être même une de ses meilleures) à travers ce récit d’une actrice
qui fut sous-estimée par Molière avant d’être véritablement révélée par Racine (dont elle était l’amante au passage)
. L’interprétation est du même calibre avec un casting de choix (Lambert Wilson, Bernard Giraudeau, Georges Wilson, Franck de la Personne qui ne faisait alors pas encore part de ses opinions politiques…) où même des comédiens parfois poussés à cabotiner (Patrick Timsit, Thierry Lhermitte ou Anémone) évitent ce piège. Outre le plaisir de rencontrer les grands personnages du XVIIème siècle, on peut apprécier de découvrir la belle reconstitution de la France du Roi-Soleil effectuée par Véra Belmont. L’intrigue est intéressante mais on pourra lui reprocher toutefois de préférer céder à certaines rumeurs qu’à la réalité historique
: contrairement à ce que peut laisser suggérer (sans l’affirmer) le film (avec la boite de chocolat), on sait désormais que Marquise n’est pas morte d’empoisonnement comme l’a prétendu la Voisin (c’était une autre Du Parc qui était décédée ainsi) mais serait plutôt morte d’un avortement ou, selon le témoignage de Boileau, en couches (alors que le film annonce juste qu’elle est enceinte de quelques mois)
. Ainsi, malgré des libertés prises avec la vérité, Marquise est une belle reconstitution d’une époque phare de la vie culturelle française.