Une des plus grosses claques que j'ai pu voir, dans le sens primaire du mot. Autant dans la forme que dans le fond Gaspard Noë entre par la grande porte du cinéma frontal et sans concession. Ce film est le prolongement de son court "Carne" (1991) dont il reprend l'histoire et les personnages (et leurs interprètes). Le retour du boucher fera sensation notamment à Cannes où il obtient le Prix de la Semaine de la Critique, Mention Prix de la Jeunesse (sic !) et le Prix Très Spécial (récompense un film jugé particulièrement original, insolent et étrange, succédant entre autre à "C'est arrivé près de chez vous")... Mais dans le même temps "Seul contre tous" divisera fortement la critique pro, parfosi au sein même des rédactions... Finalement normal, le film est effectivement un ofni particulier... On suit donc l'errance d'un ancien boucher qui, sorti de prison, abandonne sa fille et tente de "remettre les compteurs à zéro" ; les personnages parlent peu mais la voix off nous déballent un flot de pensées hyper violentes qui dégoulinent du cerveau pas fin du boucher... Ce dernier est incarné par l'incroyable Philippe Nahon, charismatique et impressionnant qui, grâce à ce rôle, est révélé au public après avoir débuté dans "Le Doulos" (1960) de Jean-Pierre Melville. Le grain du film nous plonge directement en 1980 avec ces couleurs pauvres, ces décors jaunis, les quartiers prolétaires qui sentent bon le chômage et la misère, arrière-plan symbolique de la poisse qui sert tout aussi bien de prétexte à ce boucher qui a la rage d'un homme "seul contre tous", résistant à l'hostilité du monde et à la bêtise humaine. Ses pensées ne sont que le vomi qu'il ressent pour la société (à côté le constat en forme de monologue au début de "Trainspotting" est de la poésie pour bisounours). En parallèle, quelques scènes X qui peuvent sembler gratuites, ne sont que symptomatique du foutoir et du vice qui se trimballent dans la tête du boucher. Il faut avoir le moral solide devant tant de haine déversé ainsi en pleine face du spectateur. La narration est prenante, malgré la radicalité de la mise en scène on reste happé par le propos et un montage qui enchainent des scènes jamais inutiles ou purement gratuites. Mais attention, ce film n'est pas à mettre devant n'importe qui, ce film est à l'évidence un grand film mais qui ne mérite pas pour autant d'être vu par tous. Choc et dérangeant ce film est également l'un des films les plus pessimistes et dépressif que j'ai jamais vu, pour un suicide regardez ce film avant !... La première qualité du film est qu'il est sans compromis, audacieux, et qu'il offre une morale dans l'immoralité (ou l'inverse !) qui est extrêmement rare. La seconde c'est que ce film est assez équiliLe film anti-démago par excellence, le politiquement incorrect poussé le plus loin possible, à tel point qu'on peut encore s'étonner de ses multiples prix lors des festivals. Noë pensait un moment intituler sion film "Rance" (anagramme de "Carne"), il aurait dû, ce titre était bien meilleur...