Un film très fort, puissant, déstabilisant parce qu’il conjugue la force et la violence des images, avec celles des mots , ce qui est très rare au cinéma. Tout d’abord cette voix off de Philippe Nahon, le narrateur , incroyable de vitalité, de violence , de « haine » contre l’ordre établi , virulent . Il exprime une récolte sincère, brutale, que l’on n’est pas accoutumé d’entendre, en lien direct avec la fracture sociale ressentie par le héros, cet ancien boucher, qui a fait faillite, chômeur ; puis fait de la prison. Et bien sûr tout cela est accompagné d’images très fortes, rares aussi au cinéma. La conjonction de ces 2 facteurs est faite pour nous « choquer », pour amener une réaction, pour nous « réveiller » de notre torpeur sociétale. Comme les bangs (coups de feu ?) qui viennent rythmé la logorrhée incessante, et qui rajoutent du stress . Le fil est beaucoup plus dur et radical que « Carne ». La séance de violence contre sa fiancée enceinte est énorme. Il y a aussi tous ces personnages atypiques, ces petits seconds rôles, des figures, des « tronches » , on ne sait pas comment Noè les trouve. Et puis au final il y a cet amour filial immense qui va sauver ce désespéré. La révélation de l’amour pour sa fille. Cet amour par la filiation qui déférence l’homme de l’animal. Et le boucher qui allait sombrer dans la bestialité , massacrer tout le monde , de manière sauvage et d’ailleurs le crime final « imaginaire » que l’on voit est horrible avec cette aorte qui crache son sang. Mais la rédemption suivra, il aime sincèrement sa fille, il découvre qu’il peut aimer, et que cela va le sauver de ce monde désespérant et cruel. Le fait que cet amour puisse « déraper » ou dériver vers quelque chose d’autre, n’est plus si important et n’est pas le sujet du film.. Ce qui compte c’est cet acceptation de la survie à sa condition, grâce à l’amour découvert.