Mouaif, pas convaincu du tout par ce Seul contre tous, non pas parce que je suis puritain, pudibond ou réfractaire à toute expérimentation, bien au contraire. Justement, en fait, parce que je n'ai pas ressenti l'impact de ce premier long-métrage de Gaspard Noé, pourtant censément polémique, ou du moins très virulent. L'explication, à mon avis, est simple, et va plus loin que le simple fait que je sois moins attaché que la moyenne à des illusions sur la nature humaine : Gaspard Noé, dans la forme, se plante. Toujours cette même voix off qui symbolise l'enfermement du personnage, toujours ces mêmes cuts au hachoir qui amènent le regard de force, toujours ces mêmes plans fixes qui trahissent la vie morne de ce type raté, toujours cette photo d'un rouge décoloré qui traduit le dégoût qu'elle lui inspire : l'identité de Seul contre tous est certaine, et même beaucoup trop forte. Pendant une heure trente, j'ai regardé Gaspard Noé faire son film, dérouler son plan de façon beaucoup trop manifeste. Certes, je me suis marré un moment de la crudité désabusée des discours de Nahon, mais sur la longueur, ça n'a pas tenu, sans doute parce que les pensées misanthropes qu'il développe, je les ai plus ou moins toutes déjà tenues, à un moment ou un autre. Soit que je sois un sociopathe en puissance, soit tout simplement, que je ne me cache rien des pensées qui m'animent - jusqu'à une certaine mesure, bien sûr, ma maîtrise de ma propre pyché ayant forcément ses limites - et que j'essaie plutôt de les contrôler que de prétendre qu'elles n'existent pas. Peut-être suis-je trop cynique pour Seul contre tous, qui du coup m'a parut s'agiter beaucoup pour un rendu minime. En plus, j'ai du mal à savoir par quel bout prendre le propos que Noé fait passer, et comment polariser le rapport entre pauvreté et penchants incestueux dans le rôle qu'ils jouent dans la déshumanisation de cet homme. Franchement déçu, par un film qui ne m'a pas imprégné et me marquera certainement trop peu.