L'année 1980 fut garnie de véritables chocs filmographiques avec cette flopée de films du genre tous plus sanglants les uns que les autres, traumatisant des générations entières de cinéphiles. Entre deux films de zombies, un film de monstres et un autre sur les cannibales, un petit film fauché comme les blés va semer la panique dans les salles obscures américaines. Maniac, c'est l'alliance de deux hommes : Joe Spinell, acteur à la gueule mémorable ici naturellement terrifiant et auteur du scénario, et William Lustig, jeune réalisateur d'à peine 25 ans qui nous livre une mise en scène osée, à la fois sombre, réaliste et parfois onirique. Le combo va ainsi réussir à nous flanquer la frousse comme jamais grâce à leur inventivité et leur originalité respectives... Car ce qui fait concrètement la force de Maniac, ça n'est pas seulement les scènes de scalps terriblement réalistes, c'est surtout l'atmosphère dans lequel baigne le film, cette ambiance constamment glauque, sombre, désespérée, les rues de New York sales et ses bas-fonds dans lesquels on n'ose s'aventurer. Le décor naturel planté, Lustig n'a plus qu'à poser sa caméra et/ou suivre son tueur y vadrouiller afin de compléter sa morbide collection de cadavres féminins. Le long-métrage ne se résume d'ailleurs qu'à une succession de tueries entrecoupées de passages plus intimes chez Frank Zito, notre maniaque, dévoilant son plus simple aspect, son quotidien et son état mental déséquilibré. Ça n'est qu'à la fin que le scénario va offrir quelque chose de plus inédit (et paradoxalement de plus conventionnel aussi) : la rencontre avec une femme, une photographe exceptionnelle (campée par la sublime Caroline Munro) qui va attirer la curiosité de Frank et pourrait être la seule personne capable malgré elle de le contenir. Épaulé par l'incroyable musique de Jay Chattaway, tantôt effrayante tantôt mélancolique, le film est une prouesse du genre inédite et remarquable, une plongée dans l'horreur la plus pure, celle de tous les jours, celle qui peut arriver à n'importe qui dans l'une des plus grandes villes des États-Unis. Peuplée de séquences inoubliables telles que le meurtre dans la chambre d'hôtel, la poursuite dans les toilettes du métro ou encore la gorissime scène dans la voiture, le long-métrage prend le parti du tueur et ne le lâche à aucun instant, en faisant un anti-héros aussi détestable que pathétique pour lequel on reste cependant fasciné. Œuvre culte ne prenant que très lentement de l'âge, Maniac reste un film profondément marquant, ancré dans une époque violente, à classer parmi les meilleurs film de genre de tous les temps.