Un troisième opus d’une franchise à succès qui arrive sept ans après le dernier film, alors que son acteur principal essuie bon nombre d’échecs commerciaux, ce n’est pas vraiment une coïncidence (d’ailleurs, on en reparlera quand débarquera sur nos écrans le futur Flic de Beverly Hills 4) ! Et qui mieux que John Landis (The Blues Brothers, Le Loup-Garou de Londres, Un fauteuil pour deux, Un Prince à New York) pour relancer la carrière déjà déclinante d’Eddie Murphy ? C’est sûr, sur le papier, Le Flic de Beverly Hills 3 avait tout pour plaire ! D’autant plus qu’il pouvait user à fond de la carte de la nostalgie des 80’s. Malheureusement, cette nouvelle aventure d’Axel Foley n’a pas su passer le cap des années 90…
Depuis le début de la saga, ce n’est pas du côté du scénario qu’il faut espérer quoique ce soit du Flic de Beverly Hills : une simple enquête menée par un trublion de la police, ni plus ni moins. Non, là où il fallait vraiment regarder pour ne pas être déçu, c’est du côté de l’humour. Et là-dessus, les deux premiers opus remplissaient aisément leur cahier des charges, en proposant un personnage principal déluré et à la verve drôlissime (ce qui était aussitôt devenu la marque de fabrique d’Eddie Murphy). Tout en proposant au passage de somptueuses situations mettant en valeur les différences raciales (lui, Noir, faisant face aux Blancs) et sociales (lui, policier modeste de Detroit, se retrouvant dans le luxe et le clinquant de Beverly Hills). Dans ce troisième opus, on sent que le filon a été usé jusqu’à la corde. Hormis quelques situations qui font intervenir le comique propre à Murphy, la saga ne semble plus avoir de gags dignes de ce nom à proposer, à tel point que le film se réfugie souvent dans un humour qui n’est pas le sien, à savoir le burlesque. Comme le retour du personnage de Serge, prétexte pour introduire une arme à feu grotesque. Un film qui démarre sur une chorégraphie menée par deux garagistes. Ou encore Foley qui se retrouve à danser avec des figurants du parc d’attractions alors qu’il est poursuivi. Alors, comme si cela ne suffisait pas, prenez des personnages connus de la franchise (Rosewood) et réduisez-les en tant que figurant de secondes zones, et la déception n’en est que plus grande !
Là où ce troisième opus aurait très bien pu s’en sortir, c’est dans la représentation qu’il a de WonderWorld, un parc d’attractions qui rappelle un certain DisneyLand, qui pouvait très bien tourner à la parodie pure et simple pour faire rire. D’ailleurs, énormément de détails ont été tournés dans ce sens : les employés gentils et souriants, le tarif excessif du billet d’entrée, l’univers tout en musique et avec des personnages hauts en couleurs, les Américains se conduisant tels des enfants face au grand créateur de ce monde féérique qu’est l’Oncle Dave (sorte de Walt Disney)… Et pourtant, rien de tout cela ne prend le pas sur le reste du film. Comme si, finalement, parodier DisneyLand n’était pas le but premier de ce long-métrage, alors qu’il aurait très bien pu en tirer parti et retomber sur ses pattes sans fracas.
Même du côté de l’action, Le Flic de Beverly Hills 3 semble d’un autre âge. Dans les années 90, nous avons eu l’essor d’un nouveau genre de divertissement, bien plus pétaradant, initié en 1988 par l’incontournable Piège de Cristal. Une saga telle que Le Flic de Beverly Hills, avec ses course-poursuites et ses fusillades (rappelons que le second opus avait pour réalisateur Tony Scott), pouvait devenir encore plus spectaculaire. Bizarrement, ce n’est pas le cas : Le Flic de Beverly Hills 3 reste cloîtré dans l’époque des 80’s, ne proposant que trop peu de séquences véritablement explosives (même beaucoup moins par rapport à ses prédécesseurs), mais plutôt des petits moments de bravoure certes divertissants mais qui n’en mettent jamais plein les yeux (juste une course-poursuite, une cascade sur une grande roue et une fusillade finale qui s’éternise). Décevant.
Bon, après, Le Flic de Beverly Hills 3 n’est pas non plus un épisode raté de la saga, étant donné qu’il arrive à divertir amplement grâce à des comédiens qui s’amusent, des séquences d’action qui font passer le temps et une bande son toujours au top (le célèbre thème Axel F du compositeur Harold Faltermeyer répond toujours présent). Il n’empêche, le film a beau faire partie de la franchise, il se présentera à sa sortie comme un échec commercial de plus pour Eddie Murphy (il remporta moins que son budget). Un coup assez dur pour Axel Foley, indiquant qu’il était peut-être temps de laisser le personnage de coté. Seul le quatrième film, prévu pour 2016, nous le dira !