"Le plus grand film jamais réalisé", selon Woody Allen. Rien que ça ! Sans aller jusque-là, on peut dire que c'est un pur classique du film noir, avec une femme fatale et manipulatrice, un brave type qui se laisse abuser, un scénario qui mêle sexe et argent, qui suinte l'échec et l'ironie, un flash-back, un noir et blanc très contrasté. Tout cela servi par Billy Wilder. La grande classe. Et c'est aussi une renaissance du genre, en 1944, après des années de guerre où les films noirs avaient cédé la place aux films plus patriotes et positifs. Au même titre que Le Facteur sonne toujours deux fois, cette oeuvre est tirée d'une nouvelle de James M. Cain. Les deux textes avaient d'ailleurs été stigmatisés par le Code Hays pendant des années, avant que la censure ne se relâche. Mais ce n'est pas Cain lui-même qui a écrit le scénario d'Assurance sur la mort, pour des raisons de contrat et d'exclusivité avec un studio. Wilder a fait appel, alors, à un autre écrivain, Raymond Chandler, dont on dit qu'il n'aimait guère le cinéma, ou tout du moins qu'il ne s'intéressait qu'aux atmosphères et peu aux récits. En témoignent Le Faucon maltais ou Le Grand Sommeil, bons films au demeurant, mais dont les intrigues restent assez absconses... Cela dit, pour ce film, Chandler a dû faire un petit effort, parce que la mécanique narrative est sacrément bien huilée. Et côté casting, c'est la première fois que l'on confiait des rôles de meurtriers à deux stars (Barbara Stanwyck, en blonde, et Fred MacMurray), habituées jusqu'ici aux personnages sympathiques.