Tsai ming liang est un réalisateur Taïwanais qui appartient à la seconde génération des cinéastes de ce pays. Ses prédécesseurs émérites sont les fameux Edward Yang et Hou Hsio Hsien. C' est un réalisateur titré puisqu'il obtint plusieurs distinctions de premier plan un lion d'or à Venise , un lion d'argent et deux Ours d'argent à Berlin, soit quatre films récompensés dans une filmographie cinématographique peu fournie ( il a travaillé aussi pour la télévision). "La rivière " troisième opus de ce réalisateur obtint, lui, un Ours d'argent à Berlin en 1997. En résumé, l'action se déroule à Tapei ( capitale de Taïwan) Il s'agit de l'histoire d'un jeune homme affecté par de fortes douleurs au cou, dont les parents ne s'entendent pas ( la mère a une relation cachée parallèle et le père a des relations homosexuelles, cachées, là encore, avec des jeunes hommes). Le film est traité de manière métaphorique et les inondations successives qui affectent l'appartement du couple reflètent la dévastation intérieure qu'ils vivent. Le titre est sans doute la métaphore du problème existentiel que traverse tous les personnages ( c'est une rivière qui coule en eux et dans leur appartement. Certes le jeune homme s'allonge dans une rivière aux eaux salles au tout début). le rôle de cadavre qui dérive dans une rivière aux eaux sales au début de la projection est, elle aussi métaphorique : le jeune homme n'est il pas lui aussi un être sans vie ? Sa douleur au cou reflète sans doute sa position d'enfant d'enfant d'un couple ou règne l'absence de communication et d'amour ( le père et le jeune homme sont tous deux homosexuels dissimulés l'un à l'autre. La mère ne trouve même plus de réconfort ni de sexualité avec son amant). Les personnages ne trouvent d'ailleurs l'amour nulle part : à la fin de la projection, on est en droit de se demander si les scènes vues au début ( rencontre avec la jeune fille et scènes d'amour dans un bel appartement ou dans une chambre d'hôtel) ont été véritablement vécues par le héros ? J'ai vu la plupart des films du réalisateur que j'ai découvert lors de la sortie en salles de "la rivière ". Disons le tout net, les films de Tsai ming liang se ressemblent tous dans leur façon d'exposer une situation dont le contexte désenchanté est finalement toujours le même. Il n'y a pas d'espoir, pas de rédemption chez Tsai ming liang. La solitude et le manque d'amour sont consubstantiels à la vie. Peu de dialogue, pas de gros plan, plan séquence successifs. J'ai lu que certaines critiques veulent établir un parallèle entre Tsai ming liang et Antonnioni. Si le point de vue sur la vie et les rapports humains est sans doute très voisin entre les deux, leurs univers présentent quelques différences ( par exemple, la part de l'homosexualité, est prégnante dans l'oeuvre chez tsai ming liang, ce qu'elle n'est pas chez Antonnioni). Ajoutons que l'oeuvre d'Antonionni atteint sans doute les sommets de l'art cinématographique, ce qui n'est pas le cas de celle de Tsai Ming Liang. C'est un cinéaste intéressant qui a un style, dont l'oeuvre cultive l'introspection et qui, il faut bien le dire, s'adresse à un public plutôt confidentiel. Le réalisateur ne cherche pas le succès public mais souhaite simplement exprimer son point de vue sur l'existence. Realisateur à connaître.