"The Thing" [1982] est décidément un sacré bon film ! Pour ceux qui ne l'auront jamais découvert dans les salles obscures, sa "re-sortie" sur support Blu-Ray lui rend toutes ses lettres de noblesse... Le flop commercial qui l'attendit à sa sortie montre bien le niveau de conditionnement à la niaiserie qui prévalait à l'orée des années 1980. Le "zentil" et très bébête E.T. de Spielberg lui a donc "fait de l'ombre" (mais je n'arrive pas à imaginer une ombre en guimauve, quand même !). Contrastes puissants de couleurs parfaitement complémentaires, perfection de ses clair-obscur à éclairage brasillant, fabuleux sens du cadrage, direction irréprochable de ses douze acteurs (une "Dirty Dozen" dont un seul nous était alors connu : ce bon Kurt Russell jouant "McReady" dit "Mac" le pilote d'hélico charismatique et bougon, à la barbe rousse givrée...). Le chien-loup dressé, au comportement si doux et inquiétant, est le treizième acteur de choix... J'aime ce récit de l'enfance de CARPENTER relatée dans l'article-fleuve consacré au grand réalisateur par l'encyclopédie en ligne WIKIPEDIA : "Dès l’âge de quatre ans, le jeune John découvre le cinéma grâce à sa mère qui l'emmène à la projection de "African Queen", un film d’aventure réalisé par John Huston. Intrigué par la technique de diffusion des images et par les procédés de tournage, Carpenter apprécie beaucoup cette première expérience, à tel point qu'il décide, dès lors, de passer son temps libre au cinéma. Visionnant deux à trois films chaque semaine. Carpenter assiste à toutes sortes de projection. Il se rend même aux « matinees », ces séances qui proposaient dans les années 1950 et 1960 deux films pour le prix d'un durant l'après-midi. Carpenter désigne rapidement les films d'horreur, de science-fiction et les westerns comme ses genres favoris. "Le Météore de la nuit" et "Planète interdite", notamment, auront une influence considérable sur sa cinéphilie. En 1956, la famille Carpenter déménage à Bowling Green, une petite ville conservatrice du Kentucky, où le père Howard Ralph a décroché un poste de professeur de musique. Carpenter est choqué par le caractère conservateur de cette commune dont les habitants, très croyants et racistes, lui inspirent un profond sentiment d’incompréhension et d’isolement. Dans ce contexte, le cinéma constitue pour lui un moyen de s'évader et d'échapper à leurs agissements : « Je m’identifiais davantage aux comportements des personnages que je voyais à l’écran qu’à certaines des croyances de la communauté dans laquelle je vivais ». Après avoir passé son adolescence dans la ville de Bowling Green, Carpenter s’est installé à Los Angeles l’année de ses vingt ans. La même année, Howard Ralph offre à John la caméra 8 mm dont il ne se sert plus. Mû par un désir grandissant de réaliser ses propres films, Carpenter l’utilise pour tourner des courts métrages d'horreur et de science-fiction. En 1959, il découvre Rio Bravo, de Howard Hawks, un western qui aura un impact décisif sur sa volonté de devenir metteur en scène : « C’est en découvrant "Rio Bravo" que j’ai compris pour la première fois à quoi servait un réalisateur ». Et voilà, tout est dit... L'attrait pour un gamin des magies réunies de la série B, du genre alors si sous-estimé et "cheap" de la S.F. et du western ! "The Thing" réunira donc le meilleur des qualités propres aux trois genres cinématographiques : le sens du "Huis-clos" sartrien propre au meilleur du genre Fantastique (prenons les exemples récents de "It follows" [2014] de David Robert MITCHELL et de "Mister Babadook" [2014] de Jennifer KENT), le monstre dévorateur en espaces clos de la sSience-fiction ("Alien. Le 8ème passager" [1979] de Ridley SCOTT, ou encore "Life. Origine inconnue" [2017] de Daniel ESPINOSA) et le timing implacable du Western psychologique ("Le train sifflera trois fois" [1972] de Fred ZINNEMANN). "The Thing" de John CARPENTER, c'est donc tout cela réuni... et la très brillante (également "gonflée", suffisamment monstrueuse et talentueuse) "Prequel" éponyme que lui offrit en 2011 le fan Matthijs VAN HEIJNINGEN Jr. ne peut que nous donner raison... Bientôt 40 ans que ce film monstrueux et magnifique de John CARPENTER (avec les merveilles animatroniques dues à l'imagination-cigogne de son "crazy" de pote et artisan Rob Bottin) a influencé et ensemencé tout le cinéma ! La partition immédiatement inquiétante et discrètement "martelante" d'Ennio MORRICONE a même l'air d'avoir été influencée par les synthés de l'artiste complet Carpenter pour "Halloween" [1978] ...