Le maître de la série B John Carpenter s'était attiré en 1982 la reconnaissance du public et disposait ainsi de moyens conséquents (bien qu'il ne s'agisse pas non plus d'une superproduction) pour réaliser le remake de "La Chose d'un autre monde", un film de genre des années 50 produit par Howard Hawks et qu'il s'était déjà amusé à citer quatre ans plus tôt dans "Halloween". Reprenant sa vedette de "Escape from New York", j'ai nommé Kurt Russell, il s'attelle à nous démontrer du début à la fin toute l'étendue de sa palette technique. Virtuose, Big John l'est, et pas qu'un peu : tenir un long-métrage de monstres dans une station scientifique implantée en Antarctique et qui devient très vite un huis-clos, il fallait le faire, d'autant plus qu'il ne lésine pas sur les effets spéciaux très spectaculaires (et extrêmement réussis, absolument pas vieillis !). Carpenter, on le savait déjà, excelle dans la suggestion : c'est ainsi qu'il construit admirablement un suspense sans failles, d'une tension nerveuse parfois à la limite de l'irrespirable, jouant sur les nerfs du spectateur en anticipant ses réactions. Oui mais attendez, le scénario n'a rien de révolutionnaire, c'est bel et bien la mise en scène qui emporte tout sur son passage, véritable récital d'une grammaire très étirée, remise un peu plus en valeur par un montage savant, jamais gratuit, régulièrement angoissant. Si la musique (signée Ennio Morricone) est un peu trop présente, l'absence récurrente de dialogues ne fait que renforcer le sentiment de paranoïa et le climat "survival" claustrophobe déjà bien installé. Dans son rapport direct avec le spectateur, je ne vois sincèrement pas ce que l'on peut reprocher à "The Thing". Maintenant, on peut aussi le voir comme une simple récréation dans la mesure où le cinéaste ne prend pas la peine de creuser vraiment ses personnages, de façon à densifier une oeuvre ne possédant en outre pas de réelle personnalité dans le fond (au niveau des thèmes abordés). A voir.