De la même manière que l’internaute cinéphile Cine-accro, je m’étonne de la moyenne relativement basse emportée par ce film. Quoiqu’elle est un peu remontée depuis ses écrits. Mais de là à donner un 5/5, il ne faut pas exagérer non plus. J’admets que certaines choses puissent agacer. Et ça commence très tôt par le comportement irrespectueux (c’est un euphémisme !) d’un homme vis-à-vis d’une violoniste, grisé qu’il est par l’alcool, l’effet de groupe (il est entre copains), la bonne musique irlandaise et l’ambiance festive du bar. Pour interpréter cet homme, il me semble qu’on n’aurait pas pu choisir mieux qu’Aidan Quinn. Par sa tenue vestimentaire et sa coiffure, son personnage semble être quelqu’un de très comme il faut, sauf qu’il a une tête de pervers. Il n’en a d’ailleurs pas que la tête ! En plus de sa façon de faire, il en a aussi le langage ! Parmi les choses qui agacent un peu, il y a également cette fin que je trouve un peu bâclée. C’est dommage, parce que bâtir un thriller sur quelque chose d’aussi original méritait quelques égards supplémentaires. En effet, Emma Brody est aveugle depuis l’enfance. Mais alors qu’elle vient de subir une opération destinée à lui rendre la vue, la voilà témoin indirecte d’un meurtre ayant eu lieu juste au-dessus de son appartement. L’enquête s’avère difficile, car l’opération étant récente, son témoignage reste flou en dépit de certaines certitudes. Pour ce faire, le réalisateur Michael Apted a la bonne idée de faire partager au spectateur la façon dont elle perçoit les choses. Les effets utilisés sont plutôt bons, déformant les contours à souhait tout en enlevant la profondeur aux images. Ainsi, le spectateur peut mieux percevoir les nouvelles difficultés que rencontre Emma face à son nouvel état, laquelle gagne du même coup une certaine empathie de la part du public. Ce n’est pas difficile : son interprète Madeleine Stowe est une brune mignonette, et rend son personnage délicat, sensible, mais aussi fragile sans aucune difficulté. Et quand elle s’exprime, elle le fait avec le cœur, sans demi-mesure. Il n’y a qu’à voir comment elle enlace son amant de ses bras et de ses jambes ! Mmmmm… Ah ben tiens, parlons-en de cette romance. Pour moi, elle est improbable tant les personnages sont différents. Limite s’ils sont l’exact opposé l’un de l’autre. J’ai du mal à cerner si cette romance sert à crédibiliser le récit ou si elle sert à meubler le scénario. Et en prime, elle a tendance à prendre le pas sur l’enquête. Dans tous les cas, j’estime tout de même que c’est assez bien vu dans le sens que l’enquête piétine. Tout comme les protagonistes, on est dans le flou, on a du mal à faire la lumière sur cette affaire. En attendant, le violon va à merveille à Madeleine Stowe. C’est pourtant elle qui a imposé le fait que son personnage soit une musicienne et pour ce faire, elle a dû prendre des cours. A la base, son personnage était une poète et était destiné à Julia Roberts qui refusa le rôle. Le résultat est probant, dans la mesure où Madeleine Stowe est si convaincante que je ne vois pas bien qui on aurait pu mettre d’autre à sa place. Alors certes "Blink" n’est pas parfait, mais ce film typé années 90 (on ne s’encombrait pas beaucoup avec la précision à cette époque) a le mérite de nous emmener dans une intrigue sombre et lourde qui avance à pas de fourmi alors que la musique irlandaise donne un peu de punch à la lenteur du scénario, et un peu de légèreté (tout comme le fait cette romance) sur un sujet aussi grave. Tombé dans l’oubli, "Blink" mérite qu’on s’y intéresse, car il vaut plus que sa note moyenne actuelle (2,8), du fait de sa relative originalité. A condition de le regarder avec des yeux des années 90.