Vaste programme pour une soirée bière dans la cave
La carrière d’Alex Proyas revêt une sorte de mystère. Sa filmographie est cohérente par son univers mais contrastée par ses succès, ses réussites et ses échecs, ses ratés. Avec The Crow, on est au cœur de la première catégorie citée et en pleine écriture d’une légende.
Eric Draven, rockeur métaleux et sa nana sont assassinés par un gang. Un an après leur mort, Eric revient à la vie et il crie vengeance. Par amour, son corbeau et lui vont semer la panique et la désolation dans le milieu du crime.
Téléportation en 1994. De la thématique à l’esthétique en passant bien sûr par la musique, tout nous ramène au début des années 1990. Ce polaroid d’une époque peut fasciner autant qu’il peut agacer. On aimera ou pas en fonction de la bienveillance qu’on aura vis à vis d’un film daté. Perso, ce n’est pas quelque chose qui me dérange. Les choix musicaux, très inspirés au début du film (The Cure, NIN puis Pantera, The Jesus & Mary Chain …) inscrivent immédiatement une ambiance mais ils ne participent pas à l’installation d’une atmosphère de développement de l’intrigue. Ça peut faire compilation et non bande sonore. L’esthétique emprunte ou prolonge un univers burtonesque à la croisée d’un Batman et d’un Edward, la poésie candide en moins, la violence sourde en plus. L’intrigue est sommaire, trop peut-être. Elle se résume à un vigilante dark. Pour autant, l’esprit de chaos qui règne renouvelle un peu le genre. La dimension romantique ne fonctionne pas à plein et on sera davantage touché par le personnage de l’ado amie d’Eric que par l’histoire d’amour contrariée du couple assassiné. Pour ce qui est des scènes d’action, elles sont nombreuses, dynamiques, inventives, outrancières, souvent drôles, de vraies réussites en somme. On pourra aussi mentionner l’interprétation qui fait le job et dont la célébrité tient surtout au drame en plateau qui a coûté la vie à Brandon Lee, fils de Bruce Lee lui aussi mort en plein tournage. C’est une forme de malédiction qui aura donné pas mal d’aura à un film qui se voulait déjà très dark.
En bref, point de chef d’œuvre ici mais un instantané complet et engagé, presque un manifeste pour le gothisme des 90’s. Comme souvent, on se méfiera des suites …