La thématique du cheminement vers Tar ville mythique ou les souffrances n'ont plus cours se sert de ce qu'elle est censé éradiquer en bout de course.
Ce périple dans la poussière sous un paysage de Pierre laisse apparaître des personnages hallucinés, pervertis, destructifs ou auto destructifs transcendés par la liberté d'en jouir à l'extrême.
Peur de la mort, violences corporelles, parodies sexuelles ne font que se déchaîner en utilisant le fouet, la boue, la prise de sang interminable, la peur du tombeau dominée par la mascarade d'un faux enterrement, l'ingurgitation abusive d'aliments le tout dans une progression extrêmement laborieuse en fonction des situations rencontrées.
Une vieille dame s'offre à une génération montante sans aucune retenue, joue aux cartes en se barbouillant la bouche de pèches au sirop. Tout est en miettes managé par l'unique motrice encore en fonction, la luxure compagnon de route à temps complet de ces deux esprits en rédemption temporaire.
L'œuvre est difficile à deux doigts du traumatisme, ce n'est qu'un ramassis d'images surréalistes presque nauséabondes si le surréalisme n'était pas un art. La dominance et la pitié s'exercent en alternances sur un ou plusieurs corps normaux ou en ruptures.
Lis portée en fagot par Fando écartelé entre dévouement et maltraitance est caressée, étreinte de force, consolée, traînée, menottée, véhiculée à grand peine entre un tambour et un gramophone sur des sols rocailleux. Tout le catalogue humain allant de l'assistance à la perversion est scanné sous un paysage aride et distant.
Livrée à elle-même ou récupérée après avoir testée la terreur de l'abandon elle livre en fonction de ce qu'elle subit, repentir, imploration et larmes à un abus de pouvoir positionné sur une médiation permettant à ses deux esprits en quêtes initiatiques de continuer vers cette ville Mythique ne semblant être que l'anéantissement d'une conscience pervertie.
Le contenu est théologien, sado masochiste, ce n'est que de la souffrance insoutenable offerte ou endurée, de l'auto destruction destinée aux autres mais que l'on subit de plein fouet. Ces corps qui souffrent sont les nôtres. Un chemin de croix ou tout nos comportements antinomiques sont visités, plutôt vomis sur la pellicule par un esprit fou aux allures de génie du mal ambassadeur de notre poubelle humaine oscillant entre miséricorde, rigueur, bestialité, dominance et soumission le tout juxtaposé par pulsions soudaines activées au hasard des rencontres.
Tout est horrible, hallucinatoire, initiatique de ce qu'il faut absolument fuir. « Fando et Lis « est la visite d'un parc d'attraction nommé abandon de soi et de ses valeurs n'ayant comme spectatrice qu'une pierre muette elle-même en décomposition.