Avis sur Hell on Frisco Bay

Un film noir des années 5O oublié et déterré par la Cinémathèque. Il en vaut largement la peine. Le canevas de base est un classique du genre : un policier, tombé dans un coup monté, finit de purger une peine pour un meurtre qu’il n’a pas commis, décidé à retrouver les responsables et à se venger. L’action se passe dans le port de San Francisco, le grand E. G. Robinson campe un chef mafieux au pittoresque tellement rital que c’en est presque humoristique. Il est si bon qu’on a du mal à distinguer dans sa drôlerie ce qui ressort du sardonique du personnage joué ou de second degré de son interprétation. Il est Vic Amato, patriarche d’une famille partagée entre violence, extorsions… d’un coté, et mama confite en dévotion catholiques et couvages maternels de garçon de l’autre. Le jeu du pouvoir et des passions finit par faire s’entretuer les méchants dans un scénario très bien mené. Une histoire sentimentale sans grand intérêt est plaquée la dessus. Un règlement de compte bien spectaculaire et assez original clôt le tout. A voir, à voir.

Après ''Tueur à gages'' du même réalisateur,la barre était placée très haute, ce film en souffre forcement aux yeux des spectateurs. Peu de réalisateurs étant capables d' excellence en permanence. On retrouve ici l'intérêt que Tuttle porte aux cotés psychologiques de ses héros et la force intérieure qui les pousse à agir presque malgré eux. Tout le reste tournant autour. En conséquences de ce postulat à démontrer,les invraisemblances sont nombreuses et comme le soin porté à les atténuer bien moins grand que pour son film tourné 13 ans plus tôt;le résultat est décevant par moments. Mais ce « Hell on Frico bay » demeure un beau film noir. Alan Ladd s'y débrouille encore bien,il retrouve du jeu ; ce qui prouve à quel point il a besoin d'être dirigé par un réalisateur qui lui convienne. Joanne Dru est fascinante de beauté à 33 ans et c'est un bonheur de revoir Fay Wray (morte à 97 ans)sans entendre ses cris mais toujours autant victime des événements. Rod Taylor y tient également un de ses premiers rôles et il ne passe pas inaperçu contrairement à Jayne Mansfield. Un acteur évidemment domine tout les autres par son écrasante présence,c'est E.G. Robinson. C'est du beau cinéma avec une caméra toujours bien placée à défaut d'être artistiquement déplacée. Les films de Frank Tuttle sont rares en France et je crois que c'est bien dommage.