Excellent film de William Friedkin que Sorcerer. Un métrage très convaincant, qui plaira à l’évidence aux amateurs de cinéma viscéral, bref, aux amateurs de Friedkin.
Le casting international est original, et réussi. Le quatuor Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal et Amidou est de qualité, et confronte des personnages à la fois étonnement proches et pourtant bien typés. Les acteurs sont investis dans leurs rôles, et ils parviennent à leur donner du volume avec finalement peu de dialogues. De tous je retiendrai tout de même un peu plus que les autres Bruno Cremer, lequel, loin de Maigret, est très charismatique et plus subtil dans sa prestation que ses acolytes, et notamment Roy Scheider.
De bons acteurs et de bons personnages au service d’une histoire sans aspérité particulière. La narration dans la première partie est un peu saccadée, et la présentation des personnages reste très « mathématique ». Pour ma part la première demi-heure reste le petit point faible du film, et n’autorise pas une entrée rapide dans l’intrigue, quand bien même Friedkin nous gratifie vite d’action. Cela dit, le métrage propose ensuite 90 minutes très plaisante, avec une histoire prenante, de la tension, un suspense haletant, et des scènes fortes nombreuses qui font de ce périple une vraie épopée. Une fois le début un peu laborieux passé, dur de décrocher devant le spectacle proposé.
Mais la force principale de Sorcerer c’est clairement sa forme. Décors mémorables, jungle épaisse et hostile, paysages superbes, Friedkin nous sert un « enfer vert » remarquable. Il est rare que tout ne soit pas poisseux, sale, menaçant, inquiétant, même lorsque le soleil brille. Porté par une mise en scène très réussie du réalisateur, qui fait toujours des miracles dans les scènes chocs et l’action brute et coup de poing, Sorcerer dispose d’une image remarquable, avec des couleurs intenses, et il délivre une forme de réalisme vraiment très forte. Le film fait vraiment authentique, et c’est sa grande force. Le récit en devient d’autant plus intense, et Friedkin signe clairement un, si ce n’est son meilleur métrage. A souligner une bande son discrète mais très bonne, notamment pour faire monter la tension, et la gestion des silences est tout autant à noter.
Sorcerer est un film spectaculaire, haletant, vraiment impeccable sur la forme, et très bon sur le fond. Je regrette assez le côté trop didactique, presque « mathématique » comme je l’ai dit, dans la manière dont Friedkin présente ses protagonistes. D’autant que ne prenant pas forcément beaucoup de temps pour chacun, c’est assez elliptique, et pas très accrocheur. Dès que le propos devient intéressant on passe à un autre. Mais enfin, c’est un détail, ou presque, vu la qualité du reste. 4.5