Remake ricain du "Salaire De La Peur" de Clouzot (et donc, seconde adaptation du roman éponyme de Georges Arnaud), voici "Le Convoi De La Peur" (titre français d'époque), alias, de son titre original, "Sorcerer". Titre qui claque bien sa race, par ailleurs, et qui est désormais quasiment devenu le titre définitif, international, du film.
Sorti en 1977, il fera un four monumental au box-off', et se prendra des scuds de la part de la presse, au grand dam de Friedkin, qui a tout donné (le tournage a été un ENFER...) dans son film et y croyait à balle. Mais quand on sort la même année que "Star Wars"...forcément...ça aide pas.
Ce film, c'est le chef d'oeuvre du mec qui a pourtant, auparavant, réalisé "French Connection" et "L'Exorciste", excusez du peu (au passage, le titre original du film n'a apparemment pas aidé à son succès, "Sorcerer" = "sorcier", et laissait présumer un film fantastique, pour peu qu'on ne se renseigne pas sur le film). Un film comme ça, ou comme le "Apocalypse Now" de Coppola tourné à peu près à la même époque, on n'en fait plus, désormais. Un film à l'ancienne, burné sévère, avec un casting solide mais sans têtes d'affiche
(malin : comme ça, le doute est permis jusqu'au bout sur qui va rester vivant à la fin du film)
: Roy Scheider, Bruno Cremer, Amidou, Francisco Rabal. Pas des têtes d'affiche (à la base, Friedkin voulait McQueen, Mastroianni et Lino Ventura, seul Amidou était pressenti dès le départ, mais tous ont refusé pour des raisons diverses), mais ils assurent.
Amidou, quand il conduit, dans la scène du pont en ruines, est criant de vérité, à croire que le camion était VRAIMENT rempli de nitro.
Seul (petit) reproche : le film dure 116 minutes, et l'action proprement dite commence à une heure de film, à la moitié donc. La première heure, c'est la présentation des personnages (pendant 23 minutes) puis le pourquoi du comment de la future mission dangereuse, sujet du film. Pendant 30 ou 40 minutes, c'est une description réussie, et réaliste, mais un petit peu longuette (ou alors il aurait fallu un film bien plus long, disons d'une demi-heure, au final) de la (sur)vie dans un petit village paumé et crade, pourri par la corruption, dans un petit Etat non cité, et sans doute fictif, d'Amérique du Sud, où les quatre personnages principaux, pas des héros, se sont "réfugiés".
Pas des héros, parce qu'entre un terroriste palestinien, un banquier français malhonnête, un tueur à gages dont on ignore jusqu'au nom (apparemment, il s'appelle Nilo ; ce nom n'est jamais cité dans le film) et un mafioso sans envergure, on a tout sauf des gloires, ici.
C'est la force du film : on s'attache à ces personnages malgré ce qu'ils sont.
Et le film est, visuellement, à tomber. La musique de Tangerine Dream est monumentale (composée sans avoir vu le film). On regarde ce film rempli de suspense (un suspense DOULOUREUX) sans pouvoir quitter l'écran des yeux. "Sorcerer" avait bien besoin d'être totalement réhabilité depuis sa sortie, c'est chose faite. Mon film préféré, avec "La Montagne Sacrée" de Jodorowsky (au même niveau pour moi).