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Nelly M.
99 abonnés
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5,0
Publiée le 24 juin 2009
Il importe de se projeter dans l'Inde des années cinquante après avoir noté que le réalisateur est mort d'overdose en 1964... Vraisemblablement épris d'absolu, d'une lucidité qui peut effrayer... Et tout cela derrière les sirupeuses mélopées indiennes, oeillades féminines, difficulté masculine à aimer une deuxième fois, côté paria des poètes hors normes : les premières images peuvent rebuter par leur mièvrerie. Point fort :la virtuosité du chef opérateur ainsi que le romantisme délibéré, non dénué d'humour... La sincérité du sentiment est primordiale, aucune complaisance pour l'esprit moutonnier ! Peinture au vitriol de la cupidité, de la versatilité largement majoritaire au nom des intérêts du moment (gros écho en 2009 !...). Hymne aux mères en général, aux femmes, au plus vieux métier du monde exercé faute d'alternative... Le récit gagne en intensité plus il avance, bien lire les paroles des chansons. Une absence de concessions qui force l'admiration !
Même si on fini par vaguement être pris par l'histoire, le film est tout de même horriblement long et se perd dans énormément de détails, ce qui fait que ce long métrage dure une plombe pour rien...
Le film est un peu long à démarrer (il fait quand même 2 h 26 mn) car il y a, au début, beaucoup de dialogues entrecoupées de chansons ; en effet, c’est l’histoire d’un poète, rejeté par ses frères et qui découvre que ses poèmes ont été achetés par une prostituée qui l’admire. Il retrouve un amour de jeunesse qui est mariée à un homme riche et puissant. spoiler: Il s’enfuit et suite à l’écrasement d’un clochard par un train à qui il avait donné sa veste, on annonce sa mort. Il devient alors célèbre, ses poèmes sont publiés par le mari de son 1er amour. Au 1er anniversaire de sa « mort », il se fait reconnaître mais face à l’exploitation financière de la situation, il finit par renoncer à être l’auteur des poèmes et se déclarer vivant. Un personnage attachant, assoiffé (d’où le titre) d’absolu et de fraternité, proche de « L’idiot » de Dostoïevski et une belle photographie en noir et blanc en sont les principales qualités.
Qui dit cinéma indien, dit Satyajit Ray ! Le reste n'est que Bollywooderie, n'est-ce pas ? Sauf que cette cinématographie est très mal connue en occident et qu'il faut se plonger dans les ouvrages spécialisés pour découvrir que certains réalisateurs ont une très belle cote auprès des amateurs éclairés. C'est le cas de Ritwik Ghatak et surtout de Guru Dutt. Son destin météorique - suicidé à 39 ans, il a tout de l'astre noir du cinéma indien - confère à son oeuvre un goût de cendres qui de toute manière y figure de façon évidente. Passons sur "Baaz", une aimable pochade où il est pour la première fois acteur-réalisateur, pour en venir à "Fleurs de papier" (la déchéance d'un cinéaste, soit une oeuvre prémonitoire) et surtout à "Assoiffé" qui là, touche carrément au sublime. D'autant que Dutt joue avec une adresse admirable avec les conventions du cinéma de Bollywood (chansons et danses) pour composer une symphonie déchirante, mise en scène avec un talent incroyable. Une merveille.