Très longtemps inédit en France, « So Dark the Night » bénéficie depuis peu d'une sortie en DVD, permettant de redécouvrir cette série B imparfaite, mais plutôt séduisante. Pourtant, celle-ci ne démarrait pas sous les meilleurs auspices : ton très (trop) léger, aggravé par l'idée que l'histoire se déroulant dans notre bel hexagone, les scénaristes décident d'imposer une sorte de franglais avec un festival d'accents complètement hasardeux (peu d'acteurs sont vraiment locaux), donnant l'impression d'être à peu près nulle part et surtout pas en France, accentué (à tout point de vue!) par des décors sonnant souvent faux pour représenter la campagne. Gênant un temps, ces aspects finissent toutefois par s'estomper sur la durée pour disparaître presque complètement, le récit prenant un virage à 180 degrés pour plonger dans une réelle noirceur, remarquablement mise en valeur par la très grande qualité de la photographie et l'ingéniosité de la mise en scène de Joseph H. Lewis, offrant quelques passages saisissants, notamment à travers la façon dont est menée l'enquête policière et la révélation finale, pour le moins originale dans son traitement
(une fois n'est pas coutume, l'inspecteur va tenter de prouver qu'il est coupable alors que personne ne le croit)
, abordant, au passage, probablement pour l'une des premières fois au cinéma, le thème de la
schizophrénie
. Belle scène finale, accentuant les qualités formelles d'une œuvre très courte (67 minutes) sachant aller au-delà de son statut de série B et qui, avec plus de moyens et sans les défauts évoqués précédemment, aurait peut-être pu s'inviter dans la cour des grands. Jolie découverte.