Un superbe mélodrame sur la rédemption et le pardon avec l’histoire de Bob Merrick [Rock HUDSON, 29 ans et sa 2e collaboration sur 7 avec le réalisateur), play-boy riche (disposant de 1,5 milliard $ suite à la mort de son père à 42 ans et croyant que tout s’achète), égoïste,
et responsable indirectement, d’une part, de la mort d’un célèbre chirurgien car ayant bénéficié, suite à un accident de hors-bord qu’il pilotait trop rapidement, d’un respirateur artificiel appartenant au chirurgien à qui il a fait défaut lors d’une attaque cardiaque et d’autre part, du renversement par une automobile de la veuve du chirurgien, Helen Philips (Jane WYMAN, 37 ans), lui occasionnant la perte de la vue suite à un traumatisme crânien.
Douglas Sirk réussit ce mélodrame tout en restant sur le fil du rasoir, sans tomber dans la mièvrerie et le roman-photo grâce au recours au Technicolor trichrome (caméra chargée de 3 négatifs noir et blanc, sensible l’un au rouge, l’autre au vert et le dernier au bleu), à la photographie de Russel METTY (dont c’est la 3e collaboration sur 9 avec le cinéaste), à la musique de Frank SKINNER (2e collaboration sur 7, compositeur attitré des studios Universal et qui s’inspire des standards de musique classique), les costumes de Bill THOMAS, le montage de Milton CARRUTH [4e collaboration sur 6 et qui a également monté le film éponyme (1935) de John Stahl (1886-1950) dont celui de Sirk est un remake]. A souligner, à côté de Barbara RUSH (belle fille d’Helen Philips) et d’Agnès MOOREHEAD (infirmière travaillant dans la clinique du Dr Philips), Otto KRUGER (69 ans), peintre plein de générosité (sorte d’archange tombé du ciel), ayant été aidé par le Dr Philips et qui initie Rock Hudson à la générosité discrète, sans attente de retour (titre français), à l’origine d’un don de soi qui devient une magnifique obsession (titre américain).