Conte de fées qui souhaite s'inscrire dans la grande tradition des films Disney, "Poucelina" de Don Bluth est hélas bien loin d'égaler le savoir-faire des studios Disney. Malheureusement, "Poucelina" attire irrémédiablement à elle l'antipathie. Ce film pâtit donc aujourd'hui encore fortement de cette transposition ratée de la recette Disney. Pourtant, tout y est, de la jeune fille en quête d'amour, au prince charmant, à la quête de son identité, jusqu'aux nombreuses chansons. La principale raison de cette débâcle ? "Poucelina" est l'exemple flagrant du conte de fées ringard pas du tout en accord avec son époque. Lorsque l'on découvre le film pour la toute première fois, même le plus courtois des spectateurs constatera à quel point le retour en arrière est impressionnant. "Poucelina" est l'archétype de la princesse passive qui subit tout sans prendre la moindre initiative, tout comme Blanche-Neige près de 60 ans auparavant. Elle est terriblement tête à claques, niaise, superficielle et méprisable. La jeune fille a bien du mal à rivaliser avec Ariel et encore moins avec Belle de Disney. Pour un film de 1994, c'est pénalisant. La pauvre Poucelina subit les pires mésaventures, poursuivie par une horde de prétendants en tous genres qui veulent faire d'elle leur trophée. Comble de l'inconsistance suprême, Poucelina se résout presque à se faire passer la bague au doigt par le premier hurluberlu venu. Par ailleurs Poucelina est loin d'être le seul problème du film. Aucun autre personnage ne parvient à attirer la sympathie. La mère de Poucelina ne donne aucun semblant de chaleur humaine. Pire, elle attire l'agacement de rester aussi inactive à ne pas partir à la recherche de sa fille disparue. Jacquimo passe une partie du film pour présumé mort, tandis que le pauvre prince Cornelius ne fait que survoler l'histoire, embarqué malgré lui dans des situations rocambolesques au point de devoir être constamment secouru par d'autres (au final lui aussi est un prince charmant vide de personnalité, sans compter qu'il est arrogant, faible et superficiel). Quand aux autres prétendants, leur intellect et leurs buts respectifs sont tellement tirés par les cheveux (ils tombent amoureux parce que Poucelina a une jolie voix...) qu'ils n'attirent que le mépris. Sans compter que leur aspect est franchement repoussant. Faut-il pour autant tout jeter dans "Poucelina" ? Assurément non, encore heureux ! Nous commencerons par les décors du film qui sont tout simplement magnifiques et très détaillés. On retrouve aisément la touche inimitable du studio de Don Bluth. Même Poucelina et Cornelius sont très vivants malgré un usage un peu trop abusif de la rotoscopie. On en dira un peu moins concernant les rôles de troisième plan qui restent moins détaillés que de coutume. Les seconds rôles, plus nombreux, s'en sortent heureusement beaucoup mieux même si leur harmonisation avec Poucelina et Cornelius est parfois malhabile. Que retenir donc aujourd'hui de "Poucelina" ? La question mérite amplement d'être posée. A moins de posséder une forte sensibilité nostalgique, ce qui n'est hélas pas du tout mon cas, "Poucelina" a bien du mal à s'imposer. S'adressant clairement à un très jeune public féminin (plus de 6 ans, passez votre chemin), on retiendra surtout que ce film est sans nul doute le début de la fin du studio de Don Bluth. "Poucelina" reste donc avant toute chose aujourd'hui une tentative malheureuse de transposer les nouveaux codes Disney mais sans jamais y parvenir, les personnages principaux étant creux, insipides, et naïfs à outrance. L'animation, si elle n'atteint pas tout à fait la qualité de celle des studios Disney, demeure de facture très honorable cependant. Au final cela reste un mauvais dessin animé, à éviter