Godard signe là un de ses plus beaux films visuellement parlant. Un film plutôt apaisé si on le compare à d’autres de ses films, des films plus énervés et peut-être plus agaçants pour le spectateur, comme Week-end par exemple. Ici rien ne sert de tout comprendre, il vaut mieux se laisser porter par cette histoire, plus ou moins fragmentée, comme d’habitude chez Godard. La beauté des plans pardonne le caractère éclaté du film et du scénario, et on comprend très vite que l’on a affaire à de très grands cinéastes. Je parle au pluriel puisque ce film contient deux métrages qui se succèdent très harmonieusement, que ce soit sur le plan formel ou thématique. En effet, le court-métrage d’Anne-Marie Miéville a autant de qualités que le long-métrage de son compagnon, qui lui succède après 30 minutes de virtuosité, notamment la prestation de Bruno Cremer, avec des gros plans très réussis. Quant à Godard, celui-ci laisse aller son penchant pour la contemplation en filmant de très belle manière une histoire assez provocatrice vis-à-vis de l’Eglise - le Nouveau Testament version années 1980 - mais tellement originale qu’elle en vaut le détour, avec une bonne poignée d’acteurs, Myriem Roussel notamment dans le rôle de la Vierge, même si certains seconds rôles ont un peu trop tendance à déclamer leur texte de façon peu naturelle, presque pédante. Pourtant les dialogues et les aphorismes sont très intéressants et donnent à réfléchir, on sent un certain goût des mots. Mais ce film reste néanmoins difficile d’accès, à voir après avoir vu d’autres Godard, afin de l’apprécier pleinement, car ce Godard vaut le détour. Vous pouvez lire ma critique-interprétation complète (et
illustrée) ainsi que d’autres critiques et articles sur le cinéma ainsi que des
extraits de films sur mon blog : 7emeart.wordpress