Un véritable ovni totalement inclassable venant une fois de plus du déjanté et torturé Gregg Araki, à qui l'on doit déjà l'excellent et bouleversant Myterious Skin. Nowhere nous embarque dans une atmosphère décadente de la jeunesse américaine, dont leur seul but est d'oublier ce monde en perdition. James Duval, acteur blindé de talent mais trop peu connu, qui interprète Dark, ne trouve pas sa place dans la société et ne comprend pas sa génération, au point d'attendre sa mort et de vivre dans un monde meilleur avec celui ou celle quil aimera à vie. C'est d'ailleurs un peu le message principal que Gregg Araki passe à travers ce film: ce monde ne ressemble plus à rien, tout est à la dérive et les jeunes sont perdus. Donc même si le message d'Araki est une réalité dramatique, le film ne nous fera pas déprimer pour autant grâce à son ambiance déjantée. L'esthétique, plus qu'originale, mêle couleurs criardes à souhait, décors 70's et mélange des genres. Ce film ne ressemble à aucun autre, limite avant gardiste même pour notre époque alors qu'il date de 1997 et dispose d'un casting excellent, dont beaucoup ont d'ailleurs fait carrière depuis. Les scènes et situations à l'aspect déstructuré et bordélique, mêlant sexe, drogue, violence physiques, viol, bissexualité, homosexualité et même fantastique (avec l'extra-terrestre) ont malgré les apparences un but bien précis et sont blindés de messages. Enfin, la scène finale, entre Dark et Montgomery, est aussi bouleversante que déroutante. Et ne surtout pas croire que Nowhere ne va nulle part ou qu'il "n'a pas de scénario"... loin de là! Un film ne doit pas forcément respecter une logique narrative académique pour être crédible, et c'est justement ce qui fait la force de Nowhere, chef d'oeuvre révolutionnaire, diablement efficace...