Ils ont conquis les planches en croquant leur époque, envahi la télé de leur PAF détourné, saturé la bande FM de leurs parodies pop ; il ne leur restait qu’une marche, celle des salles obscures. La plus haute. Mais la sortie fracassante de La cité de la peur en ’94 pousse les fans et la presse à rêver d’un duel à distance entre les deux troupes les plus mal nommées de l’histoire du rire. Les nuls versus Les inconnus, tout un programme – mais le mythe tourne court. Pourtant si attendue, Les trois frères ne sera qu’une gentille comédie un peu mièvre, loin du cynisme acide qui faisait tout le sel des sketches. Deux ans plus tard, Légitimus est parti vers des contrées plus vertes, mais qu’importe, le duo d’apprentis cinéastes est toujours dans le coup. Ou plutôt, sur le coup. Car si leur premier essai profitait de quelques rappels bienvenus aux années glorieuses, Le pari tente… ben, le pari, pardi, de se réinventer. Et là, non qu’il soit si mal écrit, ni même si mal observé, mais Dieu qu’il est lourd, poussif, inégal, maladroit. On voudrait parler d’inexpérience, mais c’est le deuxième déjà des Bourdon/Campan, et les suivants seront pires encore. Lao-Tseu l’a dit, difficile d’être et d’avoir été, et il faut bien le reconnaître : à chaque film qui passe, le trio s’étiole encore un peu plus. Peut-être est-il temps de rendre les armes.